lundi 30 janvier 2006

Bas.

André Glucksmann soutient les Tchétchènes comme la corde soutient le pendu. A croire qu'il est payé par Poutine pour ridiculiser leur cause. Mais on l'a déjà vu aussi se ridiculiser, et lui avec d'autres, pour l'amour de l'art.

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vendredi 27 janvier 2006

Just for fun.

Que l'on n'y voie aucune allusion précise à l'actualité récente :

"Jusqu'à seize ans, je me serais battu pour Rousseau contre tous les amis de Voltaire. Aujourd'hui, c'est le contraire. Je suis surtout dégoûté de Rousseau depuis que j'ai été en Orient. L'homme sauvage est un chien."

(Napoléon).

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mardi 24 janvier 2006

Il fut un temps où j'aimais bien les pédés.

Genet, Fassbinder, Pasolini, Biette, Nick Ray... Vecchiali, encore vivant. Je ne parle même pas de Proust. Et puis un jour on découvre la joie minable des dérisoires d'Act Up, lesquels ont réussi à faire condamner un élu de droite pour deux ou trois bêtises :

"Si nous demandons à ce qu’il n’y ait plus d’impunité pour les injures homophobes, c’est bien qu’elles ont un impact extrême dans nos vies et sur l’ensemble de la société, surtout quand elles sont tenues par une personnalité publique, élue de la République, de surcroît. En nous traitant d’inférieurEs, de " menace pour la survie de l’humanité " ou de " sectaires ", des gens comme Christian Vanneste légitiment les discriminations et les agressions à notre égard ; ils entretiennent un contexte homophobe qui nourrit le mépris de soi, la sursuicidalité chez les gays ; enfin, ils excluent nos revendications légitimes du débat démocratique."

Pauvres petits... J'imagine Fassbinder ressentir un "impact extrême" dans sa vie parce qu'un con de droite dit du mal de l'homosexualité. Un pareil aveu de faiblesse frise le ridicule. Et prétendre que cet impact soit aussi extrême sur la société relève du pur fantasme : je ne dois pas être le seul à avoir découvert ces déclarations à cause de Act Up.

J'imagine Biette écrire "inférieurEs", code de langage peut-être non sexiste mais certainement non français.

Pasolini, qui n'aimait pas les staliniens, aurait sans doute apprécié le détournement de la phrase sur la "menace pour la survie de l’humanité" : M. Vanneste avait seulement déclaré que si tous les hommes devenaient homosexuels cela poserait quelques problèmes pour la reproduction du genre humain. Ce n'est pas bien finaud, mais ce n'est pas la même chose que de voir dans les homosexuels une réelle "menace".
Une pensée enfin pour Proust découvrant le terme de "sursuicidalité"... Assassins !

La vie est tout de même mal faite. Les pédés qui ne portent pas de capotes - choix que l'on n'est pas obligé de suivre, mais qui dénote une certaine volonté - mourront plus tôt que les pédés citoyens. Et Act Up de nous donner quelques frissons :

"Il est urgent, au-delà de la nécessaire répression de ces propos de mettre en place une politique de prévention de l’homophobie ambitieuse et cohérente."


Ça promet.







Sur un sujet proche : Actualités, deuxième partie. Mais cette fois-ci je ne vais pas envoyer de mail à Act Up pour tenter d'ouvrir un débat, je n'ai pas 12000 euros en poche.

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dimanche 22 janvier 2006

Wikipedia - suite.

L'été dernier, j'avais rédigé et mis en ligne sur l'encyclopédie Wikipedia une fiche introductive à l'œuvre de Jean-Pierre Voyer. Cette fiche a subi quelques aléas, succinctement décrits ici même (cf. P.-S.).

Aujourd'hui, je découvre que cette fiche est bien présente sur le site de Wikipedia, mais qu'elle a été à peu près complètement réécrite : ne subsistent plus que deux ou trois phrases, et la bibliographie. Sans critiquer outre-mesure cette refonte, qui après tout correspond au principe d'élaboration collective qui a fait la réussite de ce site, je regretterai que la nouvelle version accentue comme à plaisir le soi-disant côté "extrémiste", voire "pornographique" d'un travail qui, s'il ne répugne ni à la grossièreté ni à l'invective, est avant tout me semble-t-il une analyse précise des impasses de "nos" sociétés. (Ces guillemets sont de M. Voyer lui-même). On en rajoute sur les aspects pittoresques pour jeter un voile sur ce qu'il y a en fait de plus dérangeant (que l'on peut résumer très clairement et brièvement : nous sommes vraiment dans la merde).

Comme je l'ai déjà promis, je referai cette fiche. Dans l'intervalle, il m'importait de marquer ma distance avec le texte actuellement en ligne sur Wikipedia. Je signale par ailleurs que la page de discussion me semble incompréhensible si l'on n'a pas accès au texte que j'avais rédigé.



P.-S. :

- pour mémoire : je retrace la destinée de cette fiche dans une annonce, suivie, en bonne logique, d'une suite. Mais les liens que j'y donne ne sont pour la plupart plus valables.

- je retranscris cette fiche à la suite d'un texte plus fouillé, mais de ce fait moins général, sur le même Voyer. On peut aussi la trouver, à l'heure où j'écris tout au moins, sur le "miroir de Wkipedia".

- on se reportera volontiers au regard rétrospectif de M. Voyer lui-même sur son travail, déjà signalé ici. Selon une phrase célèbre et pertinente, il est de bon sens de "préférer l'original à la copie".

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samedi 21 janvier 2006

Soyons pareils.

Il est déjà légitime de s'interroger sur la nécessité pour les media en général et la télévision en particulier, de "refléter", de "représenter" la présence de "minorités" dans le pays. Mais on pourrait aussi se demander si ce processus visant à en "améliorer la visibilité" - il y a beaucoup de guillemets, je sais, mais ce n'est pas là ma langue, ne l'oublions pas - n'est pas plein d'effets pervers. Je ne pense pas aux chocs des communautarismes, mais à quelque chose de plus subtil peut-être.

La télévision notamment nivelant tout par le bas, les gens qui veulent y passer étant pour l'essentiel de purs et simples arrivistes, il en résulte que les noirs, Arabes, pédés, voire femmes, que l'on peut découvrir en allumant son poste donnent une image déplorable de leur communauté. Mince, si Jamel, Cartouche ou Malek Boutih sont "représentatifs" des "Arabes de France", il y a de quoi devenir raciste ! Heureusement que les Arabes que je fréquente ou rencontre valent mieux que ça...

Quant aux femmes, il y en eut certes et bien sûr de célèbres longtemps avant la télévision - et la parité -, et parmi elles le lot normal de connasses ; mais y avait-il vraiment besoin qu'en plus de stars en promotion et de princesses mélancoliques, on nous impose quotidiennement la vision d'ambitieuses aussi dépravées moralement que Claire Chazal, Béatrice Schoenberg ou Ségolène Royal, et que l'on nous demande de les aimer ? Je joue un peu les imbéciles certes - personne n'est obligé d'allumer sa télévision -, mais c'est pour respecter un raisonnement courant. Et je ne mélange pas tout : depuis le temps que l'on sait que la politique attire en premier lieu les petites médiocrités et frappes ambitieuses, on devrait avoir un peu de méfiance quand des femmes prétendent, sans jamais être bien explicites sur ce que cela signifie, faire de la politique différemment. Hitler, de Gaulle, Ben Laden, ont fait de la politique différemment, chacun dans son style propre ; Thatcher aussi - en tant que fanatique de la disparition du politique au profit du commerce, d'ailleurs et hélas. Après tout, depuis que nous vivons en régime capitaliste - admettons que cela soit depuis le début du XIXe siècle -, nous ne croulons pas sous les grands exemples politiques (je laisse chacun penser à ceux qu'il considère comme des exceptions à ce diagnostic).


Tout ceci pour illustrer ce qui devrait être une évidence : les gens - le peuple, si l'on veut, mais attention, les guillemets menacent - valent dans l'ensemble mieux que les individus qui se croient obligés de les représenter, à la télévision ou à l'Assemblée. Les Arabes valent mieux que M. Boubakeur, les pédés valent mieux que M. Fogiel, les femmes que Mme Sinclair, les Juifs que Mme Strauss-Kahn, etc.


Ce qui n'exclut en rien une saine misanthropie.

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vendredi 13 janvier 2006

Retour en France - Divers - Chateaubriand III. (Ajout le 16.01, puis le 8.02)

(Cela devient confus... L'ajout du 16.01 prend place à la fin du texte lui-même, je le fais suivre du post-scriptum principalement consacré à M.-E. Nabe ; l'ajout du 8.02, sur le même thème, lui succède directement).

Il suffit donc que je parle de Hugo Chavez pour qu'il soit accusé d'antisémitisme !

Je fournis en fin de message divers liens qui explicitent cette "affaire", me contentant de la résumer brièvement :

le 24 décembre, M. Chavez a évoqué dans un discours la répartition des richesses mondiales, pour constater que 10% de la population du globe s'en accaparait la majorité, ce qui l'amena à se lancer dans une brève diatribe contre les "descendants" des "minorités" qui avaient crucifié le Christ puis Bolivar (sachant bien que pour le second il s'agit d'une métaphore). Certains ont vu dans ces propos une mise en cause plus ou moins directe des Juifs, et cela a donné un article de Libération qui vaut son pesant de mauvaise foi, d'inexactitudes grossières et de désinformation.

Si l'on en croit les connaisseurs de l'Amérique latine, dans le contexte des théologies de la libération, dans lequel se situeraient les propos de M. Chavez, cette saillie ne pourrait viser que les impérialistes - les héritiers de l'empire romain et des grands bourgeois du XIXè siècle. Je veux bien l'admettre. On peut néanmoins estimer qu'il y a une part d'ambiguïté dans ce discours, on peut même suspecter que frôler quelques connotations antisémites n'est pas forcément inutile à la popularité de Hugo Chavez dans certaines parties du globe. Pour être franc, ce serait plutôt mon opinion, et les grosses ficelles impérialistes de l'organisation juive qui a levé ce lièvre et en profite pour s'ingérer dans les affaires économiques du Vénézuela n'y changent rien. Il reste que mon sentiment est, à l'heure actuelle, du domaine du procès d'intention et ne légitime en rien les raccourcis et erreurs de l'article de Libération. Mais je voudrais surtout attirer l'attention sur quelques points.

Plaçons-nous dans l'hypothèse selon laquelle Hugo Chavez serait antisémite. Ce ne serait certes pas une preuve d'intelligence de sa part, mais serait-ce si grave ? Cela le deviendrait s'il menait une politique en conséquence ou s'il s'attaquait verbalement à la communauté juive, vénézuelienne ou autre. Tel n'est pour l'instant pas le cas. Ce pourquoi, si je comprends bien que les partisans de M. Chavez répliquent aux diffamations de Libération (et du Monde, qui s'est tout de même moins mouillé dans l'histoire), ils auraient aussi bien pu traiter cette histoire un peu par le mépris. Il est vrai que le journaliste de Libération écrit tellement de bêtises dans son papier qu'il était aisé de lui répondre sur ce terrain. Mais il faut aussi garder à l'esprit qu'un homme politique peut avoir bien des préjugés ou des bêtises dans la tête : tant qu'ils n'influent pas sur sa politique et ses discours, qu'en avons-nous à faire ?

Je ne suis pas connaisseur en la matière, et je sais bien par ailleurs que le cliché du "peuple déicide" est un classique de certaines formes d'antisémitisme. Mais on observe une tendance, déjà flagrante à la sortie du film de Mel Gibson, à faire comme s'il était absolument scandaleux de supposer que des juifs aient pu simplement jouer un rôle dans la mort du Christ. Il semble néanmoins qu'il est difficile qu'il en ait été autrement, dans la mesure où cette histoire se passe dans des communautés juives ; quant à Juda, que je sache, il n'était ni aryen ni celte. Etre conscient du caractère agressif du cliché du "peuple déicide", auquel l'Eglise catholique a renoncé, est une chose ; réécrire "l'histoire" en est une autre. "C'est le boulot des nouveaux exégètes : réviser le passé sous prétexte de lutter contre le révisionnisme du présent, un comble !", rage ainsi Marc-Edouard Nabe (je le cite plus avant en post-scriptum).

C'est un vœu pieux sans doute, mais il est grand temps que l'on cesse de dénoncer l'antisémitisme à tort et à travers. Il ne faut pas se leurrer, l'antisémitisme en France n'est pas un vain mot. Il serait tout de même aussi tragique que grotesque que cet antisémitisme, fort discret depuis des années, se réveille à force d'"affaires" montées de toutes pièces (RER D, Pascal Boniface, Jean Ferrat, "Phinéas" aussi, Chavez donc...), et par comparaison avec le peu de bruit que font d'autres violences pour l'heure bien plus réelles.

Il y a environ cent ans maintenant, des juifs assimilés comme Karl Kraus rejetaient jusqu'à l'idée d'une "culture juive" et voyaient dans une telle expression, fût-elle positive, un facteur discriminant, donc une forme perverse d'encouragement à l'antisémitisme. La génération suivante, avec par exemple Gershom Sholem, Martin Buber ou Kafka, sut redécouvrir les richesses de cette culture, sans pour autant - même si le cas de Sholem est à cet égard complexe - la poser comme fondamentalement différente des autres : il s'agissait principalement de lutter contre une forme d'oubli. Aujourd'hui, quand on entend des gens comme MM. Cukierman et Adler, on ne peut s'empêcher de revenir au raisonnement pourtant un peu court de Karl Kraus, et de penser que dans leur insistance sur de plus ou moins évidents particularismes juifs ils ne sont pas loin d'être les principaux propagateurs de l'antisémitisme en France.



Changeons, sinon de sujet, du moins de personnes. De retour en France, je n'ai évidemment rien eu de plus pressé que d'aller dans une librairie. Au rayon "société", j'ai pu constater que les ouvrages du genre Pour en finir avec l'homophobie ou Pour un féminisme de la subversion avaient été remplacés par un quelconque Contre les discriminations. Pour, contre... On coupe des arbres, afin d'imprimer ce genre d'insignifiances !

Aux rayons "philosophie" et "littérature", le "contre" l'emporte haut-la-main - on est loin des Exercices d'admiration d'un Cioran. Voilà que l'on démontre que Carl Schmitt ne s'est pas contenté d'adhérer au NSDAP pendant quelque temps, ce qui n'était déjà pas si mal, mais qu'il a été antisémite toute sa vie, ce qui rend de toute évidence sa pensée juridique "dangereuse" (c'est là un degré supplémentaire franchi par rapport à un livre précédent qui se contentait d'évoquer "Un détail nazi dans [sa] pensée") ; voilà qu'un ouvrage est consacré à l'antisémitisme (réel ou supposé, je n'en ai aucune idée) de Jean Genet ; voilà enfin qu'un autre rappelle que Céline était antisémite. Le scoop ! Celui-là surtout m'a plu, entre autres parce qu'il s'agit d'une vraie enquête de terrain, digne d'un journaliste de Libération : l'auteur se vante d'avoir été médecin de banlieue comme l'auteur du Voyage, sans pour autant, lui, être devenu antisémite - la belle affaire ! A-t-il écrit le Voyage, justement ? C'eût été plus difficile et sans doute plus méritoire... Puis ce brave monsieur, rendu intrépide par ce premier exploit, ose réclamer la requalification de l'écriture des pamphlets en crime contre l'humanité.

On peut discuter et condamner Céline, on peut s'interroger sur ce qu'il doit advenir des pamphlets en question quand sa veuve sera passée - ayant droit, elle s'oppose à la moindre réédition, tous problèmes d'incitation à la haine raciale mis à part -, faut-il pour autant un tel acharnement sur un auteur décédé depuis plus de quarante ans ?

Faut-il se faire mousser sur le dos des morts ? Faut-il tant d'arrogance à étaler sa lâcheté ? Est-ce devenu un passage obligé que de se venger de sa médiocrité sur les défauts de plus grand que soi ? Taguieff au moins, qui s'y connaît en médiocrité, s'en prend souvent à des vivants.



Je laisse ces petites merdes, et conclut sur Chateaubriand. J'avais d'abord prévu de l'évoquer sous les angles du judaïsme et de l'Islam, mais cela nous entraînerait trop loin et sera pour une autre fois. Je me contente de ce passage, sur un tout autre sujet :

"Viendra peut-être le temps, quand une société nouvelle aura pris la place de l'ordre social actuel, que la guerre paraîtra une monstrueuse absurdité, que le principe même n'en sera plus compris ; mais nous n'en sommes pas là. Dans les querelles armées, il y a des philanthropes qui distinguent les espèces et sont prêts à se trouver mal au seul nom de guerre civile : "Des compatriotes qui se tuent ! des frères, des pères, des fils en faces les uns des autres !" Tout cela est fort triste sans doute : cependant un peuple s'est souvent retrempé et régénéré dans les discordes intestines. Il n'a jamais péri par une guerre civile, et il a souvent disparu dans des guerres étrangères. Voyez ce qu'était l'Italie au temps de ses divisions, et voyez ce qu'elle est aujourd'hui [une colonie autrichienne, ou peu s'en faut]. Il est déplorable d'être obligé de ravager la propriété de son voisin, de voir ses foyers ensanglantés par ce voisin ; mais, franchement, est-il beaucoup plus humain de massacrer une famille de paysans allemands que vous ne connaissez pas, qui n'a eu avec vous de discussion d'aucune nature, que vous volez, que vous tuez sans remords, dont vous déshonorez en sûreté de conscience les femmes et les filles, parce que c'est la guerre ? Quoi qu'on en dise, les guerres civiles sont moins injustes, moins révoltantes et plus naturelles que les guerres étrangères, quand celles-ci ne sont pas entreprises pour sauver l'indépendance nationale. Les guerres civiles sont fondées au moins sur des outrages individuels, sur des aversions avouées et reconnues ; ce sont des duels avec des seconds, où les adversaires savent pourquoi ils ont l'épée à la main. Si les passions ne justifient pas le mal, elles l'excusent, elles l'expliquent, elles font concevoir pourquoi il existe. La guerre étrangère, comment est-elle justifiée ? Des nations s'égorgent ordinairement parce qu'un roi s'ennuie, qu'un ambitieux veut s'élever, qu'un ministre cherche à supplanter un rival. Il est temps de faire justice de ces lieux communs de sensiblerie, plus convenables au poëtes qu'aux historiens : Thucydide, César, Tite-Live se contentent d'un mot de douleur et passent."

En tout modestie - cela va sans dire -, je me permets ici de signaler que je ne disais pas grand-chose de différent, quoiqu'avec moins de netteté, dans un texte d'août dernier. Ceci d'ailleurs pourrait légitimer la plupart des insultes qu'il m'arrive d'émettre - même si l'on préférait paradoxalement avoir à insulter des quantités moins négligeables que Alexandre Adler ou un médecin qui se vante de n'être pas antisémite...


J'aurai encore beaucoup à dire sans doute sur le judaïsme, les sionistes, Chateaubriand... Mais cela suffit bien pour une rentrée. A bientôt !




Sur le "crédo antisémite" de M. Chavez, comme n'a pas hésité à titrer Libération, on consultera notamment :
- les articles de Libération, justement, et du Monde ;
- la réfutation publiée par Le grand soir ;
- l'utile complément du Réseau Voltaire ;
- le récapitulatif de Acrimed.

La polémique n'étant pas close, je précise qu'il n'est pas inutile de se reporter aux pages d'accueil de ces sites pour suivre son évolution ; Info-impartiale en propose par ailleurs un bilan. Si un article propose une bien courte vue de la religion, un autre, que je découvre en allant vérifier l'adresse ce site, exprime une opinion proche de la mienne sur l'ambiguïté du discours de Hugo Chavez.





(Ajout le 16.01)
Ça monte, ça monte, Libération se discrédite un peu plus chaque jour... On se reportera aux sites recensés précédemment, ainsi qu'à Rezo, qui oriente notamment vers un confrère en bloguerie, M. Mélenchon.

On peut néanmoins regretter que M. Chavez ait finalement obéi aux injonctions de l'organisation qui lui demandait des comptes sur ses déclarations. D'abord parce que c'est ce que cette organisation lui demandait, allant jusqu'à considérer que s'il ne disait mot il consentait de facto à être considéré comme antisémite, ce qui est une amusante conception de la preuve ; ensuite parce qu'il entre ainsi dans le jeu de ceux qui veulent lui faire perdre du temps avec des diversions de ce genre (moi aussi ; mais mon temps est moins précieux que celui de M. Chavez) ; enfin parce que s'étant agenouillé, même avec virulence, une fois, il risque fort d'avoir à recommencer, et recommencer, et recommencer...

Mais si cette affaire dirige Libération vers le sapin un peu plus vite, nous n'aurons pas tout perdu.





PS, le 14 janvier dans l'après-midi.
Who did it ? Qui a tué le Christ ? Cette question est-elle donc si complexe ? Je fais ici appel aux lecteurs plus connaisseurs que moi et de bonne foi, si j'ose dire, pour éclairer ma lanterne à ce sujet.
Après avoir rédigé le paragraphe sur le peuple déicide, qui ne date que de ce matin, je me suis rappelé que Nabe abordait le sujet dans J'enfonce le clou (Ed. du Rocher, 2004), à propos justement du film de Mel Gibson, La Passion du Christ. Le texte entier (pp. 141-168) vaut le coup, j'en extrais ces passages, quitte à trahir ça et là quelques nuances :

- "A force de voir de l'antisémitisme où il n'y en a pas, on finira par ne plus en voir là où il y en a. (...) Si on a cru en déceler dans le film de Mel Gibson, c'est que certains se sentent coupables de ce qu'on inflige au Christ. Tout le monde sait que dans l'histoire ce sont les Juifs de son temps qui ont voulu la mort de Jésus. Mais ça reste abstrait. Là, pour une fois, par des images, on montre le résultat de cette haine. (...) A partir du moment où la responsabilité des Juifs d'il y a deux mille ans dans l'exécution de Jésus est signalée, on est antisémite. Voilà la nouvelle loi des gentils mauvais esprits ! Mais Dieu ne mange pas de ce pain-là."

- "Jésus a bel et bien été crucifié, non pas par mais à cause des Judéens. Les Romains n'avaient rien à craindre de Jésus, les Juifs si. Ce n'est pas une ablette pareille qui allait mettre en péril le royaume de César, voyons ! En revanche, c'est dans son petit milieu d'Hébreux qui se tiraient tous dans les pattes que ce prophète à la mords-moi-le-Dieu risquait de foutre une merde dangereuse...

Si les disciples du Christ ont créé petit à petit le christianisme, c'est bien pour se dégager du judaïsme qui n'avait pas compris son message au point de vouloir le détruire. Ce sont les Hébreux finalement qui s'en lavent les mains puisqu'ils ont fait faire le sale boulot par les Romains alors qu'il leur aurait été facile de liquider leur faux Messie à coups de pierre au coin d'une rue sombre de Jérusalem. (...)

Seuls des agnostiques zélés peuvent croire encore que les apôtres juifs de Jésus furent simplement "déçus" par l'accueil fait à leur maître par Israël. Jean est furieux et se met au grec. Paul se renie en tant que juif. C'est bien le signe qu'il n'arrivaient pas à digérer la mauvaise action des leurs. Quel intérêt de perpétuer l'idée selon laquelle le christianisme ne serait qu'une variation du judaïsme ? (...) C'est une idée païenne que tous les monothéistes, juifs, musulmans ou chrétiens, rejettent. Et le paradoxe veut que ce soit ceux qui ne croient en rien qui se réclament de ce monothéisme."

- "C'est la grande faiblesse des sous-esprits de ce temps. Plutôt que de réfuter, ils s'indignent. Cette condamnation morale de la pensée au fur et à mesure de son élaboration est un symptôme de l'époque. On commence par admettre que Jean, Pierre, Paul et les autres disent tous la même vérité et on finit par dire que ce n'est pas la vérité puisque, au regard de la morale d'aujourd'hui, ils ont eu tort de la penser."

Beaucoup de choses, et encore ai-je laissé de côté tout autant. Et au moment où je me mets devant l'ordinateur pour faire mon travail de copiste, je tombe, dans Le grand soir, sur un texte de Danielle Bleitrach suite à la polémique sur Chavez, évoquant de façon tout à fait inverse la mort du Christ : tout est maintenant de la faute aux Romains.

Il est évident que Bleitrach connaît moins intimement son sujet que Nabe, que son texte est écrit à la va-vite (ce qui le rend d'ailleurs peu clair) ; il est peut-être caractéristique qu'elle se réfère à l'historien juif Flavius Josèphe, dont Nabe n'a pas tort de signaler que tout le monde le considère maintenant, sans raison, comme infaillible : de tout cela il ne s'ensuit pas qu'elle ait tort.

Des conseils, lecteur ?




(Ajout le 8.02)
Le Christ étant mort depuis longtemps et n'allant pas se retourner dans sa tombe pour toute cette histoire, j'avais mis de côté provisoirement cette question théologico-historique ; je viens de tomber sur un texte de M. I. Finley (in On a perdu la guerre de Troie, Les Belles-Lettres, 1990) remontant à 1964, peu après le concile Vatican II, à l'occasion duquel l'Eglise abandonna cette idée de "peuple déicide".

Finley insiste sur le fait que les Evangiles sont notre seule et unique source sur cette question, et qu'il ne lui semble pas possible de considérer qu'ils sont assez précis à ce sujet pour permettre de trancher en toute certitude. Sauf découvertes faites depuis, cela sonne comme une fin de non-recevoir.

Il ajoute : "Il y a malheureusement pas mal de naïveté dans l'idée implicite que l'antisémitisme va tranquillement disparaître pour peu qu'on puisse démontrer de façon incontestable qu'aucun Juif (...) n'a eu de responsabilité dans la crucifixion.", ce en quoi les événements ne lui ont pas donné tort ; et conclut : "C'est le monde qu'il faudra changer, non le passé." A bon entendeur...


(Trois jours après...)
Je découvre ce texte incisif, fortement influencé par M.-E. Nabe, sur un blog auquel par ailleurs tout ou presque m'oppose. Mais au café du commerce, on n'est pas sectaire. Et comme on ne s'y repose jamais, voici de surcroît, un peu hors sujet certes, le délicieux fer dans la plaie porté par ledit Nabe à l'encontre des "Collabeurs".

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jeudi 5 janvier 2006

Profanation. (Ajout le 29.03.06)

Je lis qu'un individu s'est attaqué à l'urinoir de Duchamp, exposé en ce moment à Beaubourg dans le cadre de l'exposition Dada, et qu'avec un petit marteau il l'a quelque peu endommagé.

L'œuvre a été retirée de l'exposition et va être restaurée, apprend-on.

N'aurait-il pas mieux valu la laisser telle quelle ? Cette correction apportée à ce qui n'est pas à proprement parler une œuvre, mais un geste, n'est-elle pas plus dans l'esprit de Duchamp qu'une pieuse restauration ? Je comprends bien que l'auteur de cette initiative soit poursuivi en justice, il devait savoir à quoi il s'exposait (d'autant qu'il est récidiviste et avait déjà tenté d'endommager l'urinoir il y a douze ans), et il ne s'agit pas non plus d'encourager ce genre de volontés. Mais puisque le plus fameux des ready-made n'a pas été assez bien surveillé pour empêcher qu'il soit détérioré, sans doute aurait-on dû le laisser tel quel. Au moins y aurait-il eu quelque chose de nouveau dans un musée français.

(Le 29.03) Pierre Pinoncelli, 77 ans (pour les enfants de 7 à 77 ans...) a été condamné le 23 janvier dernier à s'acquitter de 14 000 euros de frais de restauration, et de 200 000 euros de préjudice matériel (pour l'impossibilité d'exposer l'urinoir pendant quelque temps j'imagine). Il a deux ans pour régler ces sommes au centre Pompidou, propriétaire de l'urinoir. "Le jour où vous aurez compris que ce qui est à un autre n'est pas à vous, les choses iront beaucoup mieux pour vous et la collectivité", a déclaré la présidente en prononçant la condamnation. Je ne suis pas du genre à commenter inconsidérément les décisions de justice. Je constate juste que la justice française ne semble pas lire ce blog, mais qu'elle ne manque pas d'un certain sens de l'humour - plus Swift que Duchamp, malheureusement pour M. Pinoncelli.

Le centre Pompidou est donc au moins propriétaire d'une pissotière, nous sommes heureux de l'apprendre.

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mercredi 4 janvier 2006

Bonne année et viva Chavez !

En fait, je me fous un peu de M. Chavez, mais je viens de découvrir qu'il lit Chateaubriand en même temps que moi - si ce n'est pas de la pure et simple propagande, cela valait bien un clin d'œil. Avec tous les traîtres et les fausses proclamations de fidélité que l'on rencontre dans les Mémoires, M. Chavez doit y trouver de quoi méditer... Et puis quelqu'un que G. W. Bush et A. Adler détestent ne peut être tout à fait mauvais. Ceci dit, Staline aimait bien Pasternak, Hitler vénérait Wagner, et Bernard "Total" Kouchner doit bien lire de temps en temps.

Autre chose : je lis chez Saint Etienne, qui par ailleurs se lance dans le blog, bienvenue au club, que des crapules longue durée, comme le faux cul et vrai con Xavier Couture ou la très usée putain Edwy Plenel, sentant comme des focs le vent tourner, commencent à sortir des livres contre la télévision commerciale ou le journalisme de connivence, genres qui les ont fait vivre, et pas qu'un peu, pendant des années. Les rats quittent le navire... dont ils viennent de se faire virer à coups de pieds au cul. Ils auraient tort de se priver : dans le pire des cas c'est leur dernière occasion de se faire encore un peu d'argent avec leur malhonnêteté, dans le meilleur ils peuvent espérer regagner une "crédibilité" - je mets des guillemets tant ce mot ne veut plus dire grand-chose, ceux qui l'utilisent le plus souvent étant justement les mêmes dont l'estime vaut si peu qu'ils sont susceptibles d'accorder la leur à de pareils parasites.

Je précise pour éviter tout malentendu que je n'ai pas écouté (il s'agit de passages à la radio) ce que ces messieurs avaient à dire, et évidemment encore moins lu leurs livres. On a beau n'être pas rancunier, il y a des limites à l'amnésie.



Meilleurs vœux !

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