L'artiste est un singe pour l'homme.
Quittons un peu les hautes altitudes où nous emmène le curé de campagne, et revenons au catalogue La grande parade. Un peu par fainéantise, un peu par souci de clarté, je me contente de photographier la longue citation du jour, consacrée à l’étonnant tableau de Chardin, Le singe peintre. Jean Clair le souligne, il y a au XVIIIe une première inflexion dans ce que J. Starobinski appelle "la relève des dieux par les pitres", qui va conduire les artistes à des autoportraits de plus en plus durs d’eux-mêmes. Et cela passe notamment par un recours à l’animalité, encore détendu et ludique chez Chardin. Mais voici l'analyse de ce tableau :
Un des points importants ici est la popularité - issue d’un pays protestant, indiquons ce fait sans chercher à lui donner une interprétation pour l’instant - du thème du singe comme singe de l’homme. Il y a, pour ce qu’un profane comme moi en comprend, un double mouvement dans la peinture occidentale d’après la Réforme : une volonté catholique de magnifier le corps de l’être humain - Dieu n’a-t-il pas créé l’homme à son image ? -, avec un souci polémique à l’encontre de l’iconoclasme protestant ; une tendance contradictoire, discrète mais tenace, au grotesque, à la dérision, à l’animalité, voire, sans donner trop d’importance à ce terme, à la zoophilie. Tout cela basculera au XIXe siècle et plus encore au XXe. En voici pour exemples les tableaux auxquels il est fait référence dans cet article, ceux respectivement de Doré, Rouault et Freud :
Comparons avec l'image que le peintre classique par excellence, Nicolas Poussin, donnait de lui-même :
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