mercredi 3 juillet 2019

"Gouverner le globe et y introduire la perfection de l'homme..."

Je constate en relisant mes notes prises à la lecture des livres de Muray qu’il lui est arrivé de citer Jean Clair, que je ne connaissais pas à l’époque. En soi, cela n’a bien sûr rien d’étonnant. On remarquera ceci dit que ces lignes sont des plus prophétiques - hélas : 

"Dans un livre déjà ancien, Considérations sur l'état des beaux-arts, Jean Clair, traitant de l'expansionnisme culturel américain, citait quelques phrases plus que jamais d'actualité, celle de Thomas Jefferson par exemple, décrivant les États-Unis comme « une nation universelle qui poursuit des idées universellement valables », et surtout celle de John Adams évoquant « une République pure et vertueuse qui a pour destin de gouverner le globe et d'y introduire la perfection de l'homme ». Et plus cette volonté de perfection s'affirmera universellement, plus les passions régionales, claniques, sectaires, identitaires, se développeront en retour de façon délirante. Il n'est d'ailleurs pas invraisemblable que l'extension tragique de ces délires parcellaires, que Freud appelait des « narcissismes de clocher », soit un des atouts du programme indifférenciateur mondial, justifiant que celui-ci intervienne sans relâche, et par le biais d'une police sans cesse mieux armée et sophistiquée."


Même s’il y a un côté injustement méprisant dans l’expression de Freud, je ne vais pas ici bercer dans le crypto-antisémitisme, car on baigne surtout dans l’immondice franc-maçon, cette espèce de bonne conscience expansionniste et destructrice dégueulasse. Un ami me disait il y a quelques années que les États-Unis étaient un régime franc-maçon, ce qui colle avec certaines descriptions de Tocqueville ; Vincent Lambert, leur victime directe, aurait sans doute son mot à dire sur leur vertu ; et j’avoue de plus en plus penser que s’il fallait vraiment s’attaquer à un ennemi avant tous les autres (ce que je récuse par ailleurs, il faut au contraire se battre sur tous les fronts), c’est celui-là qu’il faudrait en priorité mettre hors d’état de nuire. (J’aime bien cette expression, qui n’implique en bonne logique aucune violence…)