lundi 27 novembre 2017

Dieu (et Chesterton) sont spécistes. Ils ont évidemment raison.

"Il y a entre l’homme et les animaux une différence non pas de degré mais d’espèce. La preuve, c’est qu’il est banal de dire que l’homme le plus primitif a dessiné un singe, tandis qu’il est comique de dire que le plus intelligent des singes a dessiné un homme."

L’argument se suffit à lui-même, mais il n’est sans doute pas inutile de citer un autre passage, d’autant qu’en son début il ne dit pas autre chose que certains antispécistes ou anti-humanistes furieux : la planète se débrouillerait aussi bien sans l’homme, il y est une espèce, c’est le cas de le dire, de pièce rapportée. Les conclusions ensuite divergent, mais on fera remarquer que, de même que les malthusiens (merci à K. H. pour cette idée), dont ils sont proches, les contempteurs de l’humanité ne poussent pas le sens de la logique jusqu’à se supprimer eux-mêmes, que ce soit pour lutter contre la surpopulation ou pour protéger la planète. (Dans un même ordre d’idées, d’une façon je dirais plus légère, Ronald Reagan, je l’ai lu ce jour, remarquait que "tous ceux qui sont en faveur de l’avortement sont déjà nés.") Ceci étant remarqué, place à Gilbert Keith : 

"Or, donc, la plus simple des constatations que l’on puisse faire sur l’être humain, et qui les englobe toutes, est qu’il n’existe pas d’être plus étrange, ni, pour ainsi dire, plus étranger sur la terre. On ne dirait nullement qu’il y est né, mais qu’il arrive de voyage, porteur de l’air et des manières d’un monde différent. Inférieur et supérieur à la fois à sa condition, il n’est nulle part à l’exacte hauteur des circonstances. Ni sa peau naturelle ne suffit à lui tenir chaud, ni ses instincts naturels ne parviennent à régler sa conduite. Créateur aux doigts enchantés, il est aussi une sorte d’infirme affligé de bandages qui sont ses vêtements et de béquilles qui sont ses meubles. Son esprit souffre des mêmes libertés incertaines et des mêmes strictes limites. Seul d’entre les animaux, le rire bienfaisant lui verse sa folie magnifique : l’on dirait parfois qu’il a discerné dans la structure des choses un secret particulièrement réjouissant et qu’il garde pour lui ; mais, seul aussi d’entre les animaux, il éprouve le besoin douloureux de détourner sa pensée des réalités essentielles de sa personne physique et de les dissimuler comme si de hauts pressentiments l’initiaient au mystère de sa honte…

Selon notre humeur, nous verrons dans ces traits l’honneur de la nature humaine ou un outrage fait à la nature tout court ; mais force nous sera de les tenir pour uniques, d’accord sur ce point avec l’instinct populaire appelé religion, et en allègre désaccord avec les sophistes, naturistes et autres gymnosophistes [féministes radicaux, antispécistes, indifférencialistes de tous poils…, note de AMG].

Car il faut être dénaturé pour considérer l’homme comme un objet naturel ; c’est pécher contre l’esprit que d’en faire un animal, contre cet esprit de réalité qui est fait du sens des proportions. Et je suis encore bon de dire « dénaturé »…"

Certes ! Je note pour finir, avant d’aller préparer le dîner familial, que cette remarque sur le sens des proportions est de portée générale. Exemple pris au hasard : ceux qui comparent la situation faite aux Juifs en France dans les années 30 et 40 (comme si c’était la même en 1936 et en 1942, d’ailleurs…) et celle des Arabes dans la France actuelle. - Encore une fois, si ces aberrations étaient sans conséquences, elles seraient seulement risibles. 



(Au passage : plus certains s’éloignent des dogmes et ou principes chrétiens, et plus nous pouvons constater que cet éloignement a des conséquences pratiques. Le thème du jour en est un exemple. J’évoquerai à l’occasion, si je trouve la citation idoine, le redoutable sujet de la Virginité de Marie, on rigolera.)