Il y a des inégalités.
La citation de Pierre Boutang que voici est dirigée contre l’idée qu’à l’époque (1981) il se fait, à tort ou raison, de la Nouvelle droite. L’intérêt, outre la précision étymologique qui s’y trouve, est de rappeler quelques fondamentaux d’une pensée conservatrice et réaliste qui refuse le cynisme :
"C’est, oui, une leçon politique d’inégalité que donne La Fontaine, à la suite d’Aristote. Mais rien dans les Fables, ni dans l’enseignement contre-révolutionnaire qui y va justement puiser, ne suggère que l’accroissement de l’inégalité, ni sa conservation religieuse et sacrée soient des biens. Il y a des inégalités, parce qu’il y a des fonctions et des différences ; il y a des autorités, de naissance ou d’expérience, parce que l’accroissement (ce que veut dire auctoritas [ici un appel de note, je vous la reproduis ci-après, note de AMG]) d’une communauté, exige un regard situé, ou exercé de manière à le procurer : tantôt parce que « il en faut un », tantôt parce que « c’est le meilleur »."
Et la note : "Auctoritas qui a donné notre autorité vient de augere, accroître. L’augure romain tient son prestige de l’accroissement qu’il permet aux entreprises de ceux qui croient en son pouvoir d’interprétation."
Attention au champ lexical employé, cela ne fait pas de Macron un Jupiter, mais cela rappelle qu’il y a dans l’autorité d’une part de la réciprocité - il faut que cette autorité apporte quelque chose à ceux qui sont commandés - et d’autre part du prestige - l’autorité fonctionne aussi - pas seulement - parce qu’on y croit.
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