vendredi 25 mai 2018

Avant-guerre, drôle de guerre, événements, pacification (de qui par qui ?)...

"Il m’arrive de me demander si je ne suis pas injuste à l’égard de mes compatriotes, si tous les peuples ne sont pas aussi fols et aussi décourageants que le mien. Frappé par le calme de tous, et de moi-même, n’ayant encore vu personne qui fût dominé par ses nerfs, je me dis : cette nation, ne faut-il pas aussi appeler sang-froid son apathie ? vitalité sa croyance subconsciente qu’elle peut se permettre tout jusqu’au dernier moment, qu’elle saura toujours se rattraper au bord de l’abîme ? (n’y a-t-il pas là une part presque consciente de jeu ? le jeu du lièvre dans sa course avec la tortue.) Ne dois-je pas admirer sa faculté de vivre une tragédie, soit quand elle est là (1914), soit quand elle vous menace, comme de la vie de tous les jours ? Je voudrais être juste pour ce peuple étrange, où les dieux humoristes ont fait que je suis né."


Le pire, c’est que même en connaissant la suite - la débâcle, l’Occupation, les bombardements alliés, etc., je ne vais pas refaire le fil jusqu’à « nos » jours, on ne peut s’empêcher de trouver un peu de réconfort dans ces lignes de Montherlant. - Après, il ne faut pas confondre l’idée (chrétienne) que plus la situation semble désespérée, et plus il est important de faire preuve d’espérance, et l’idée (chrétienne devenue folle), qu’à un moment on touchera le fond et on repartira, qu’à un moment, forcément, un sursaut va se produire (et Jean-Luc Sadourny marquer l’essai du bout du monde : mais il n’y a plus de bons arrières dans le rugby français depuis bien longtemps…). Le lièvre ne rattrape pas la tortue.