Encore Marx.
Citations et commentaires. Présentation décousue, contenu me semble-t-il actuel. Tous les italiques sont de Marx.
1844 :
- "C'est exactement comme dans la religion. Plus l'homme place en Dieu, moins il conserve en lui-même. L'ouvrier met sa vie dans l'objet, et voilà qu'elle ne lui appartient plus, elle est à l'objet. Plus cette activité est grande, plus l'ouvrier est sans objet. Il n'est pas ce qu'est le produit de son travail. Plus son produit est important, moins il est lui-même."
A compléter par Feuerbach : "Pour enrichir Dieu, l'homme doit se faire pauvre ; pour que Dieu soit tout, l'homme doit n'être rien."
Durkheim répondra : c'est en enrichissant Dieu que l'homme s'enrichit. Céline (Mea culpa, sauf erreur) et Muray ajouteront : de toutes les façons, ça ne fait pas de mal à l'homme de n'être rien, cela lui enlève quelques grossières prétentions.
- "Tout comme le raffinement des besoins, l'industrie spécule sur leur grossièreté, qu'elle sait produire artificiellement. Leur vraie satisfaction veut l'abrutissement de soi - ce pseudo-contentement des besoins que dispense une civilisation à l'intérieur de l'abjecte barbarie de la nécessité."
Il suffit de regarder autour de soi.
1847 :
- "Le salaire dépend de plus en plus du marché mondial ; la condition ouvrière dépend de plus en plus du hasard."
- Marx résume les arguments des économistes contre les syndicats, les trouve "justes", et enchaîne :
"S'il ne s'agissait réellement dans les associations que de déterminer le salaire - et c'est là l'apparence -, si le système travail-capital était éternel, ces coalitions échoueraient piteusement devant la nécessité des choses. Mais elles constituent un moyen d'unification de la classe ouvrière, qui la prépare au renversement de toute la vieille société avec ses antagonismes de classes." D'où la gravité de l'abandon de cette mission. A rapprocher de cette phrase que j'ai déjà citée : "La classe ouvrière sera révolutionnaire ou ne sera rien."
1848 :
- "Cette loi du travail marchandise, du minimum de salaire, se vérifiera à mesure que la supposition des économistes, le libre-échange, sera devenue une vérité, une actualité. Ainsi, de deux choses l'une : ou il faut renier toute l'économie politique basée sur la supposition du libre-échange, ou bien il faut convenir que les ouvriers seront frappés de toute la rigueur des lois économiques sous ce libre-échange.
Pour nous résumer : Dans l'état actuel de la société, qu'est-ce donc que le libre-échange ? C'est la liberté du capital. Quand vous aurez fait tomber les quelques entraves nationales qui enchaînent encore la marche du capital, vous n'aurez fait qu'en affranchir entièrement l'action. Tant que vous laissez subsister le rapport du travail salarié au capital, l'échange des marchandises entre elles aura beau se faire dans les conditions les plus favorables, il y aura toujours une classe qui exploitera, et une classe qui sera exploitée."
Alors, l'ouvrier "verra que le capital devenu libre ne le rend pas moins esclave que le capital vexé par les douanes.
Messieurs, ne vous en laissez pas imposer par le mot abstrait de liberté. Liberté de qui ? Ce n'est pas la liberté d'un simple individu, en présence d'un autre individu. C'est la liberté qu'a le capital d'écraser le travailleur.
Comment voulez-vous encore sanctionner la libre concurrence par cette idée de liberté, quand cette liberté n'est que le produit d'un état de choses basé sur la libre concurrence ?
Nous avons fait voir ce que c'est que la fraternité que le libre-échange fait naître entre les différentes classes d'une seule et même nation. La fraternité que le libre-échange établirait entre les différentes nations de la terre ne serait guère plus fraternelle. Désigner par le nom de fraternité universelle l'exploitation à son état cosmopolite, c'est une idée qui ne pouvait prendre origine que dans le sein de la bourgeoisie."
- "Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ses crises ? D'une part, en imposant la destruction d'une masse forces productives ; d'autre part, en s'emparant de marchés nouveaux et en exploitant mieux les anciens. Qu'est-ce à dire ? Elle prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir."
Ces citations et d'autres amènent à se demander si ce n'est pas maintenant, depuis l'effondrement de l'URSS et la reprise de la mondialisation capitaliste, que Marx va avoir raison. Peut-être est-ce sur cette idée-là que la girouette, pour être poli, Attali, a construit son livre récent.
- "On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété acquise par le travail personnel, cette propriété qui, dit-on, forme la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance personnelles.
Quelle est donc cette propriété, fruit de l'effort, du labeur personnel ? Voulez-vous parler de la propriété du petit bourgeois, du petit paysan, de celle qui a précédé la propriété bourgeoise ? Ce n'est pas à nous de l'abolir, le progrès de l'industrie l'a abolie et l'abolit jour après jour."
En fait, en partie grâce, là encore, à l'existence de l'URSS, ce processus s'est interrompu, en même temps que l'on lâchait de l'argent aux ouvriers. "Poujadistes" et ouvriers étaient donc solidaires sans vraiment s'en rendre compte, et maintenant qu'il n'y a plus l'URSS et qu'on essaie de nouveau de les bouffer presque complètement, cette solidarité resurgit. D'où qu'on ne parle ici et là que de populisme, pour donner à ce mot un nouveau souffle ou comme disqualifiant global de toute forme de lutte.
1849 :
- "Nous avons dessiné à grands traits la guerre industrielle que se livrent les capitalistes. Cette guerre a ceci de particulier qu'elle ne se gagne pas en recrutant, mais en congédiant les armées de travailleurs. Entre les généraux de l'industrie, les capitalistes, c'est à qui pourra congédier le plus de soldats.
Les économistes nous racontent, il est vrai, que les travailleurs rendus superflus par les machines trouvent à s'employer dans de nouveaux secteurs.
Ils n'osent pas dire ouvertement que les travailleurs qui trouvent à s'engager dans de nouveaux secteurs sont les mêmes qui ont été congédiés. Ce serait mensonge et les faits hurlent. Les économistes se contentent d'affirmer que de nouvelles possibilités de travail s'offrent à d'autres parties de la classe laborieuse, par exemple, à la génération des jeunes travailleurs qui étaient sur le point d'entrer dans la branche d'industrie qui a périclité. C'est naturellement une grande satisfaction pour les ouvriers qui se retrouveront à la rue : Messieurs les capitalistes ne manqueront pas de chair fraîche à exploiter, et on laissera les morts enterrer les morts. Cette consolation, le bourgeois la garde pour lui-même ; il préfère ne point l'adresser aux ouvriers." July, Colombani, etc...
On laisse le lecteur méditer tout cela, on se contentera de deux conclusions évidentes :
- Marx n'était pas un idiot ;
- les enculés n'ont pas beaucoup changé depuis 1844-49.
Mais on les écoute encore.
1844 :
- "C'est exactement comme dans la religion. Plus l'homme place en Dieu, moins il conserve en lui-même. L'ouvrier met sa vie dans l'objet, et voilà qu'elle ne lui appartient plus, elle est à l'objet. Plus cette activité est grande, plus l'ouvrier est sans objet. Il n'est pas ce qu'est le produit de son travail. Plus son produit est important, moins il est lui-même."
A compléter par Feuerbach : "Pour enrichir Dieu, l'homme doit se faire pauvre ; pour que Dieu soit tout, l'homme doit n'être rien."
Durkheim répondra : c'est en enrichissant Dieu que l'homme s'enrichit. Céline (Mea culpa, sauf erreur) et Muray ajouteront : de toutes les façons, ça ne fait pas de mal à l'homme de n'être rien, cela lui enlève quelques grossières prétentions.
- "Tout comme le raffinement des besoins, l'industrie spécule sur leur grossièreté, qu'elle sait produire artificiellement. Leur vraie satisfaction veut l'abrutissement de soi - ce pseudo-contentement des besoins que dispense une civilisation à l'intérieur de l'abjecte barbarie de la nécessité."
Il suffit de regarder autour de soi.
1847 :
- "Le salaire dépend de plus en plus du marché mondial ; la condition ouvrière dépend de plus en plus du hasard."
- Marx résume les arguments des économistes contre les syndicats, les trouve "justes", et enchaîne :
"S'il ne s'agissait réellement dans les associations que de déterminer le salaire - et c'est là l'apparence -, si le système travail-capital était éternel, ces coalitions échoueraient piteusement devant la nécessité des choses. Mais elles constituent un moyen d'unification de la classe ouvrière, qui la prépare au renversement de toute la vieille société avec ses antagonismes de classes." D'où la gravité de l'abandon de cette mission. A rapprocher de cette phrase que j'ai déjà citée : "La classe ouvrière sera révolutionnaire ou ne sera rien."
1848 :
- "Cette loi du travail marchandise, du minimum de salaire, se vérifiera à mesure que la supposition des économistes, le libre-échange, sera devenue une vérité, une actualité. Ainsi, de deux choses l'une : ou il faut renier toute l'économie politique basée sur la supposition du libre-échange, ou bien il faut convenir que les ouvriers seront frappés de toute la rigueur des lois économiques sous ce libre-échange.
Pour nous résumer : Dans l'état actuel de la société, qu'est-ce donc que le libre-échange ? C'est la liberté du capital. Quand vous aurez fait tomber les quelques entraves nationales qui enchaînent encore la marche du capital, vous n'aurez fait qu'en affranchir entièrement l'action. Tant que vous laissez subsister le rapport du travail salarié au capital, l'échange des marchandises entre elles aura beau se faire dans les conditions les plus favorables, il y aura toujours une classe qui exploitera, et une classe qui sera exploitée."
Alors, l'ouvrier "verra que le capital devenu libre ne le rend pas moins esclave que le capital vexé par les douanes.
Messieurs, ne vous en laissez pas imposer par le mot abstrait de liberté. Liberté de qui ? Ce n'est pas la liberté d'un simple individu, en présence d'un autre individu. C'est la liberté qu'a le capital d'écraser le travailleur.
Comment voulez-vous encore sanctionner la libre concurrence par cette idée de liberté, quand cette liberté n'est que le produit d'un état de choses basé sur la libre concurrence ?
Nous avons fait voir ce que c'est que la fraternité que le libre-échange fait naître entre les différentes classes d'une seule et même nation. La fraternité que le libre-échange établirait entre les différentes nations de la terre ne serait guère plus fraternelle. Désigner par le nom de fraternité universelle l'exploitation à son état cosmopolite, c'est une idée qui ne pouvait prendre origine que dans le sein de la bourgeoisie."
- "Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ses crises ? D'une part, en imposant la destruction d'une masse forces productives ; d'autre part, en s'emparant de marchés nouveaux et en exploitant mieux les anciens. Qu'est-ce à dire ? Elle prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir."
Ces citations et d'autres amènent à se demander si ce n'est pas maintenant, depuis l'effondrement de l'URSS et la reprise de la mondialisation capitaliste, que Marx va avoir raison. Peut-être est-ce sur cette idée-là que la girouette, pour être poli, Attali, a construit son livre récent.
- "On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété acquise par le travail personnel, cette propriété qui, dit-on, forme la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance personnelles.
Quelle est donc cette propriété, fruit de l'effort, du labeur personnel ? Voulez-vous parler de la propriété du petit bourgeois, du petit paysan, de celle qui a précédé la propriété bourgeoise ? Ce n'est pas à nous de l'abolir, le progrès de l'industrie l'a abolie et l'abolit jour après jour."
En fait, en partie grâce, là encore, à l'existence de l'URSS, ce processus s'est interrompu, en même temps que l'on lâchait de l'argent aux ouvriers. "Poujadistes" et ouvriers étaient donc solidaires sans vraiment s'en rendre compte, et maintenant qu'il n'y a plus l'URSS et qu'on essaie de nouveau de les bouffer presque complètement, cette solidarité resurgit. D'où qu'on ne parle ici et là que de populisme, pour donner à ce mot un nouveau souffle ou comme disqualifiant global de toute forme de lutte.
1849 :
- "Nous avons dessiné à grands traits la guerre industrielle que se livrent les capitalistes. Cette guerre a ceci de particulier qu'elle ne se gagne pas en recrutant, mais en congédiant les armées de travailleurs. Entre les généraux de l'industrie, les capitalistes, c'est à qui pourra congédier le plus de soldats.
Les économistes nous racontent, il est vrai, que les travailleurs rendus superflus par les machines trouvent à s'employer dans de nouveaux secteurs.
Ils n'osent pas dire ouvertement que les travailleurs qui trouvent à s'engager dans de nouveaux secteurs sont les mêmes qui ont été congédiés. Ce serait mensonge et les faits hurlent. Les économistes se contentent d'affirmer que de nouvelles possibilités de travail s'offrent à d'autres parties de la classe laborieuse, par exemple, à la génération des jeunes travailleurs qui étaient sur le point d'entrer dans la branche d'industrie qui a périclité. C'est naturellement une grande satisfaction pour les ouvriers qui se retrouveront à la rue : Messieurs les capitalistes ne manqueront pas de chair fraîche à exploiter, et on laissera les morts enterrer les morts. Cette consolation, le bourgeois la garde pour lui-même ; il préfère ne point l'adresser aux ouvriers." July, Colombani, etc...
On laisse le lecteur méditer tout cela, on se contentera de deux conclusions évidentes :
- Marx n'était pas un idiot ;
- les enculés n'ont pas beaucoup changé depuis 1844-49.
Mais on les écoute encore.
Libellés : Attali, Céline, Colombani, Durkheim, Feuerbach, July, marx, Muray
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