Bloy, Sarkozy...
(Faisons travailler les autres à notre place.)
"Le Sang et la Chair du Pauvre sont les seuls aliments qui puissent nourrir, la substance du riche étant un poison et une pourriture. C'est donc une nécessité d'hygiène que le pauvre soit dévoré par le riche qui trouve cela très bon et qui en redemande. Ses enfants sont fortifiés avec du jus de viande de pauvre et sa cuisine est pourvue de pauvre concentré. (...)
Il y a aussi de jeunes et vigoureux pauvres en mer. On ne voit que ça sur la Manche et l'Atlantique. Ceux-là, au moment même où les ventres se mettront à table, pousseront au large, quelque temps qu'il fasse. Ils veilleront et gèleront pour que vous ayez du poisson frais, ô bienheureux de ce monde, et, quand ils iront vous attendre dans l'autre, emportés par un naufrage, le poisson, engraissé de leurs misérables corps, n'en sera que plus délicieux, vous les mangerez ainsi deux fois. C'est pour cela, sans doute, - il faut le dire en passant - que le poisson est réservé très particulièrement pour les jours de jeûne et d'abstinence qui sont, chez les gens du monde bien pensant, les jours de la cuisine suprême, les jours où l'on truffe les maquereaux.
Pour ce qui est du pain, des viandes ou légumes, l'anthropophagie, malheureusement, est moins directe. Cependant c'est encore une fameuse jouissance de pouvoir se dire que cette volaille ou ce gigot qu'on a fait descendre sur autre chose, quand on a le tube déjà plein, aurait pu aller quelque miséreuse famille, à des dizaines d'enfants affamés qui, seuls, ont droit à cette ripaille et qui n'en recevront pas une seule miette. C'est vrai qu'on n'a plus bien faim, surtout les messieurs, après qu'on a mangé plusieurs indigents, mais quelle consolation de savoir qu'on a souillé de sa bouche, et détruit sauvagement, bêtement, malproprement, la subsistance des malheureux, qu'on est des voleurs ou des bourreaux et qu'il y a probablement des nègres ou des peaux-rouges qui craindraient la foudre, s'ils accomplissaient une pareille abomination."
Et puis, tiens, une autre :
"Les lois veulent qu'il y ait des enfants riches condamnés par leur naissance et par leur éducation à ne jamais savoir ce que c'est que la pauvreté. Il serait moins inhumain de leur crever les yeux et de les châtrer, pour qu'à leur tour ils ne procréassent pas des monstres."
Et puis encore une autre, d'actualité :
"Etre dans le commerce ! Voilà ce qui répond à tout, voilà ce qui englobe tous les privilèges, toutes les faveurs disponibles, toutes les dispenses imaginables, toutes les amnisties. Ce qui n'est permis à personne et dans aucun cas devient licite, et même professionnel, quand on est dans le commerce. La parole fameuse du grand Roi d'Esther : « La loi qui est faite pour tous n'est pas pour toi [Esther, XV, 13] », paraît avoir été dite à l'intention des personnes qui sont dans le commerce, indistinctement."
- que demande le peuple ?
"Le Sang et la Chair du Pauvre sont les seuls aliments qui puissent nourrir, la substance du riche étant un poison et une pourriture. C'est donc une nécessité d'hygiène que le pauvre soit dévoré par le riche qui trouve cela très bon et qui en redemande. Ses enfants sont fortifiés avec du jus de viande de pauvre et sa cuisine est pourvue de pauvre concentré. (...)
Il y a aussi de jeunes et vigoureux pauvres en mer. On ne voit que ça sur la Manche et l'Atlantique. Ceux-là, au moment même où les ventres se mettront à table, pousseront au large, quelque temps qu'il fasse. Ils veilleront et gèleront pour que vous ayez du poisson frais, ô bienheureux de ce monde, et, quand ils iront vous attendre dans l'autre, emportés par un naufrage, le poisson, engraissé de leurs misérables corps, n'en sera que plus délicieux, vous les mangerez ainsi deux fois. C'est pour cela, sans doute, - il faut le dire en passant - que le poisson est réservé très particulièrement pour les jours de jeûne et d'abstinence qui sont, chez les gens du monde bien pensant, les jours de la cuisine suprême, les jours où l'on truffe les maquereaux.
Pour ce qui est du pain, des viandes ou légumes, l'anthropophagie, malheureusement, est moins directe. Cependant c'est encore une fameuse jouissance de pouvoir se dire que cette volaille ou ce gigot qu'on a fait descendre sur autre chose, quand on a le tube déjà plein, aurait pu aller quelque miséreuse famille, à des dizaines d'enfants affamés qui, seuls, ont droit à cette ripaille et qui n'en recevront pas une seule miette. C'est vrai qu'on n'a plus bien faim, surtout les messieurs, après qu'on a mangé plusieurs indigents, mais quelle consolation de savoir qu'on a souillé de sa bouche, et détruit sauvagement, bêtement, malproprement, la subsistance des malheureux, qu'on est des voleurs ou des bourreaux et qu'il y a probablement des nègres ou des peaux-rouges qui craindraient la foudre, s'ils accomplissaient une pareille abomination."
Et puis, tiens, une autre :
"Les lois veulent qu'il y ait des enfants riches condamnés par leur naissance et par leur éducation à ne jamais savoir ce que c'est que la pauvreté. Il serait moins inhumain de leur crever les yeux et de les châtrer, pour qu'à leur tour ils ne procréassent pas des monstres."
Et puis encore une autre, d'actualité :
"Etre dans le commerce ! Voilà ce qui répond à tout, voilà ce qui englobe tous les privilèges, toutes les faveurs disponibles, toutes les dispenses imaginables, toutes les amnisties. Ce qui n'est permis à personne et dans aucun cas devient licite, et même professionnel, quand on est dans le commerce. La parole fameuse du grand Roi d'Esther : « La loi qui est faite pour tous n'est pas pour toi [Esther, XV, 13] », paraît avoir été dite à l'intention des personnes qui sont dans le commerce, indistinctement."
- que demande le peuple ?
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