samedi 19 février 2011

"La France ne peut être la France sans la grandeur..."

- n'est-ce pas une manière d'avertissement ? Une interprétation possible est la suivante : si nous ne faisons pas preuve de grandeur, alors nous sommes, peut-être pas moins que rien (c'est la version prétentieuse, le tout ou rien : si nous ne sommes pas les meilleurs, nous sommes les pires, nous devons toujours être premiers quelque part, plutôt être en-dessous de tout qu'être quelconques…), peut-être pas moins que rien, mais en tout cas en-dessous de la moyenne. Schématisons à grands traits : à notre meilleur nous sommes nettement plus intéressants que les Suédois et autres Scandinaves paisibles, pacifiques, bien organisés et tout de même légèrement chiants ; sans grandeur, nous sommes en-dessous d'eux.

De Gaulle avait nettement conscience, parfois jusqu'à une forme de schizophrénie, de l'écart qu'il pouvait y avoir entre sa fameuse « certaine idée » de la France et ce dont les Français étaient capables en fait de mesquinerie, râleries inutiles, masochisme fataliste, sadisme superflu ("Impitoyable[s] par vanité", selon le mot de Custine ; impitoyables aussi vis-à-vis d'eux-mêmes d'ailleurs). Ce pourquoi l'interprétation que je vous suggère aujourd'hui me semble plus intéressante que la vision cocardière ("La France est grande par essence...") que cette phrase peut aisément suggérer.

Et, bien évidemment, avec son sens inné, admirable presque, de ce qu'il y a de pire en nous, N. Sarkozy s'emploie depuis des années à retirer à la France ce qui pouvait lui rester de grandeur, afin, c'est sa mission bien connue, qu'elle ne soit plus la France. Je me disais l'autre jour que le pire avec lui n'était pas son impéritie en matière économique ni même sa démagogie sécuritaire. La crise, la vraie, celle avec laquelle on me bassine depuis ma naissance au début des années 70 est une chose, dont je suis loin de contester ou de sous-estimer la dureté. Mais d'une part, cela fait des années (les conséquences de 1983, "Vive la crise", etc.) que ceux qui souffrent de cette crise se font cracher dessus avec une remarquable opiniâtreté par ceux qui en profitent ; d'autre part et maintenant, avec N. S., qui franchit là un palier d'importance par rapport à ses deux prédécesseurs immédiats, c'est une « certaine image » de la France sur laquelle on crache (et fait cracher par les autres pays) en permanence. Popu a droit au fouet à la maison, et doit désormais constater que les voisins trouvent ladite maison de plus en plus moche, alors qu'il sait, quitte à l'idéaliser un peu, qu'il lui arriva d'être belle et admirée. Pas de quoi s'étonner s'il déprime un tantinet... On le lui reproche pourtant, comme une nouvelle preuve de sa nullité, comme une énième confirmation qu'il ne mérite pas d'être ailleurs qu'à sa place de merde.

La France a connu des périodes de pauvreté, voire de misère, elle en est toujours sortie à un moment ou à un autre. Ses moments de ridicule (et, soyons juste, de "Messieurs les Anglais tirez les premiers" aux aventures mexicaines de Napoléon III, de Guy Mollet à Jean-Pierre Raffarin, etc., N.S. n'est pas le premier de la série), ses grandes défaites, tout cela par contre reste dans la mémoire collective, et y restera pour longtemps. Nicolas Sarkozy, c'est un gros poids en plus dans la colonne "Débit" - un beau caca qui alourdit le fond du slip, écrira-t-on histoire d'être un peu poète, et dont, comme le dit justement le poète, "toute l'eau de la mer" n'effacera jamais vraiment le souvenir. - Heureusement que DSK arrive!

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