1940-1945, années érotiques
1940, juste après la débâcle :
"Les silhouettes avachies, le pas chancelant des prisonniers font paraître plus disciplinés et plus forts les jeunes hommes blonds qui les encadrent. Ce qui est en cause désormais, c'est moins l'uniforme, son attrait, son prestige, que les soldats français qui n'ont pas su le remplir. Les plus lucides ne s'y trompent pas, comme en témoigne cette réflexion rageuse recueillie par Francis Ambrière sur la route de la captivité : « La guerre que nous avons faite, mon vieux ? C'est la guerre des eunuques. » Jugement lapidaire, expéditif, propos désabusé d'un esprit porté au dénigrement et à l'autodépréciation ? L'armistice est à peine signé qu'une contrepèterie circule, scellant par avance le destin des captifs : « Les femmes garderont toujours leur coeur pour le vaincu. » Fulgurance de l'humour populaire, prescience instinctive de la rue, grand miroir des rapports entre les sexes, auxquels il n'aura fallu que quelques jours pour comprendre que la soumission des hommes annonçait l'émancipation des femmes, que la reddition des uns était grosse de la « trahison » des autres." (Patrick Buisson)
"Les silhouettes avachies, le pas chancelant des prisonniers font paraître plus disciplinés et plus forts les jeunes hommes blonds qui les encadrent. Ce qui est en cause désormais, c'est moins l'uniforme, son attrait, son prestige, que les soldats français qui n'ont pas su le remplir. Les plus lucides ne s'y trompent pas, comme en témoigne cette réflexion rageuse recueillie par Francis Ambrière sur la route de la captivité : « La guerre que nous avons faite, mon vieux ? C'est la guerre des eunuques. » Jugement lapidaire, expéditif, propos désabusé d'un esprit porté au dénigrement et à l'autodépréciation ? L'armistice est à peine signé qu'une contrepèterie circule, scellant par avance le destin des captifs : « Les femmes garderont toujours leur coeur pour le vaincu. » Fulgurance de l'humour populaire, prescience instinctive de la rue, grand miroir des rapports entre les sexes, auxquels il n'aura fallu que quelques jours pour comprendre que la soumission des hommes annonçait l'émancipation des femmes, que la reddition des uns était grosse de la « trahison » des autres." (Patrick Buisson)
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