"Synthétiquement exprimé..."
"Ce que le Christ a enseigné à tous les Apôtres, autrement dit les « Mystères du Royaume », ou encore ce dont parlent les paraboles, c'est, synthétiquement exprimé, la règle de foi, le canon de vérité, que le Symbole baptismal résume dans ses douze propositions, mais qui comprend l'ensemble de la doctrine chrétienne : mystère trinitaire, incarnation, rédemption, sacrements, structure de l'Église et principes de sa liturgie, etc. Que cette doctrine (…) ne se trouve pas telle quelle et explicitement formulée dans les Évangiles, ni même dans l'ensemble du Nouveau Testament, c'est ce que chacun peut constater par lui-même ; elle a donc nécessairement été transmise oralement. Enfin, qu'elle énonce ce dont parlent les paraboles, c'est que l'on ne peut qu'admettre quand on constate que seule cette doctrine éclaire les Écritures et leur donne leur sens ; ce qui vaut non seulement pour le Nouveau Testament, mais aussi pour l'Ancien, car, dans les Écritures, tout regarde le Christ en qui réside l'intégralité des vérités de la foi.
La doctrine apostolique est donc d'origine christique. Elle ne résulte pas d'une élaboration tardive, effectuée à partir du donné scripturaire, comme le prétendent beaucoup de critiques modernistes, thèse qui, au demeurant, nous paraît inintelligible : on ne voit pas en effet comment il eût été possible de déduire du texte des Écritures le corpus doctrinal chrétien ; il y a, des unes à l'autre, un hiatus, une solution de continuité, humainement infranchissable. Et d'ailleurs les mêmes critiques, ou du moins leurs ancêtres rationalistes (Voltaire et ses épigones) ne se sont pas fait faute d'ironiser sur la fragilité du fondement que l'Écriture offrait aux dogmes, ignorant sans doute que c'est la vérité de la doctrine de foi qui détermine le sens des Écritures, et non l'inverse : la foi (la doctrine de foi) vient ex auditu (de l'audition = de la tradition orale), et non ex visu (de la vision = de la lecture). A la lumière du mystère trinitaire, les enseignements de l'Écriture sur le Père, le Fils, l'Esprit, s'éclairent et prennent sens ; sans cet éclairage, les mêmes enseignements peuvent autoriser les constructions théologiques les plus divergentes, comme le prouvent l'histoire des hérésies dont chacune peut se réclamer d'un verset de l'Évangile. La raison suffit d'ailleurs à nous montrer qu'il ne saurait en être autrement : le sens d'aucun texte n'est déterminable sur la seule base de sa signification intrinsèque, et pour savoir ce qu'il dit, il faut d'abord savoir de quoi il parle (ici un appel de note, je retranscris ensuite). Le principe « scripture sola interpres ispsius » est philosophiquement faux : l'Écriture n'est ni la seule, ni la première interprète d'elle-même."
Jean Borella. Ces dernières phrases sont notons-le une pierre discrète dans le jardin de l'Islam. Mais n'abordons pas une fois de plus ce sujet. Voici la note :
"(…) La catéchèse actuelle oublie trop souvent cette vérité philosophique. Nous ne disons certes pas que l'Écriture n'est pas source de foi. De cette foi, elle est le premier signifiant. De même qu'un signe est un signifiant qui vise un référent au moyen d'un sens, ainsi l'Écriture est le signifiant sacré et immuable dans sa concrétude textuelle qui vise le référent théo-christique qu'énonce la doctrine de foi (la dogmatique ecclésiastique) au moyen du sens que produit sa lecture, laquelle est conjointement exégétique et théologique. Et de même que la connaissance d'un signe présuppose celle de sa signification, de même la connaissance de foi ne peut partir que de la doctrine de vérité, abstraitement énoncée et objectivement conçue. Est-ce à dire alors que l'Écriture ne sert plus qu'à vérifier a posteriori la conformité de la doctrine abstraitement énoncée à la présentation culturellement datée qu'en offre l'Écriture ? Ce serait dérisoire. La connaissance doctrinale, de nature mentale, va à l'Écriture comme à sa source vivifiante, parce que cette Écriture est le témoignage le plus direct et le plus concret que nous ayons de la parole même de Dieu : Dieu est réellement présent dans l'Écriture, non dans sa substance (ce qui est réservé à l'Eucharistie), mais dans sa forme (puisque l'Écriture est une réalité formelle et non une substance comme le pain et le vin) ; quant à l'énoncé dogmatique, Dieu n'y est présent qu'intentionnellement, et non « en réalité ». Il résulte de ces précisions, notons-le en passant, que le christianisme, contrairement à une opinion trop répandue, n'est pas une religion du Livre, mais une religion de la Parole faite chair."
- Cette dernière formule, par-delà son intérêt propre, étant aussi une critique de l'Islam et des discours sur les religions du Livre. Il n'y a qu'une religion du Livre, l'Islam, seuls les modernistes et certains musulmans veulent y assimiler judaïsme et christianisme (même protestant).
La doctrine apostolique est donc d'origine christique. Elle ne résulte pas d'une élaboration tardive, effectuée à partir du donné scripturaire, comme le prétendent beaucoup de critiques modernistes, thèse qui, au demeurant, nous paraît inintelligible : on ne voit pas en effet comment il eût été possible de déduire du texte des Écritures le corpus doctrinal chrétien ; il y a, des unes à l'autre, un hiatus, une solution de continuité, humainement infranchissable. Et d'ailleurs les mêmes critiques, ou du moins leurs ancêtres rationalistes (Voltaire et ses épigones) ne se sont pas fait faute d'ironiser sur la fragilité du fondement que l'Écriture offrait aux dogmes, ignorant sans doute que c'est la vérité de la doctrine de foi qui détermine le sens des Écritures, et non l'inverse : la foi (la doctrine de foi) vient ex auditu (de l'audition = de la tradition orale), et non ex visu (de la vision = de la lecture). A la lumière du mystère trinitaire, les enseignements de l'Écriture sur le Père, le Fils, l'Esprit, s'éclairent et prennent sens ; sans cet éclairage, les mêmes enseignements peuvent autoriser les constructions théologiques les plus divergentes, comme le prouvent l'histoire des hérésies dont chacune peut se réclamer d'un verset de l'Évangile. La raison suffit d'ailleurs à nous montrer qu'il ne saurait en être autrement : le sens d'aucun texte n'est déterminable sur la seule base de sa signification intrinsèque, et pour savoir ce qu'il dit, il faut d'abord savoir de quoi il parle (ici un appel de note, je retranscris ensuite). Le principe « scripture sola interpres ispsius » est philosophiquement faux : l'Écriture n'est ni la seule, ni la première interprète d'elle-même."
Jean Borella. Ces dernières phrases sont notons-le une pierre discrète dans le jardin de l'Islam. Mais n'abordons pas une fois de plus ce sujet. Voici la note :
"(…) La catéchèse actuelle oublie trop souvent cette vérité philosophique. Nous ne disons certes pas que l'Écriture n'est pas source de foi. De cette foi, elle est le premier signifiant. De même qu'un signe est un signifiant qui vise un référent au moyen d'un sens, ainsi l'Écriture est le signifiant sacré et immuable dans sa concrétude textuelle qui vise le référent théo-christique qu'énonce la doctrine de foi (la dogmatique ecclésiastique) au moyen du sens que produit sa lecture, laquelle est conjointement exégétique et théologique. Et de même que la connaissance d'un signe présuppose celle de sa signification, de même la connaissance de foi ne peut partir que de la doctrine de vérité, abstraitement énoncée et objectivement conçue. Est-ce à dire alors que l'Écriture ne sert plus qu'à vérifier a posteriori la conformité de la doctrine abstraitement énoncée à la présentation culturellement datée qu'en offre l'Écriture ? Ce serait dérisoire. La connaissance doctrinale, de nature mentale, va à l'Écriture comme à sa source vivifiante, parce que cette Écriture est le témoignage le plus direct et le plus concret que nous ayons de la parole même de Dieu : Dieu est réellement présent dans l'Écriture, non dans sa substance (ce qui est réservé à l'Eucharistie), mais dans sa forme (puisque l'Écriture est une réalité formelle et non une substance comme le pain et le vin) ; quant à l'énoncé dogmatique, Dieu n'y est présent qu'intentionnellement, et non « en réalité ». Il résulte de ces précisions, notons-le en passant, que le christianisme, contrairement à une opinion trop répandue, n'est pas une religion du Livre, mais une religion de la Parole faite chair."
- Cette dernière formule, par-delà son intérêt propre, étant aussi une critique de l'Islam et des discours sur les religions du Livre. Il n'y a qu'une religion du Livre, l'Islam, seuls les modernistes et certains musulmans veulent y assimiler judaïsme et christianisme (même protestant).
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