Deux vers nostalgiques d'un auteur que je n'ai jamais lu.
"Et nous ne savons pas de plus réels bonheurs
Que les bonheurs cernés par le monde où nous sommes."
R. Brasillach, dans ses Poèmes de Fresnes. En réalité, j'ai lu Les sept couleurs durant mon adolescence, mais n'ai jamais été plus loin dans l'oeuvre de ce normalien déprimé, caricature de l'intellectuel à lunettes (et je suis intellectuel à lunettes), en même temps perdu dans un monde quelque peu séparé du nôtre. Il y aurait une typologie à faire de nos attirances pour les écrivains de droite dans notre jeunesse au sein d'un monde de gauche. Céline, j'en lisais beaucoup, mais sans trop vouloir m'identifier à un type sale et hirsute, à la fois persécuteur et persécuté, et qui avait quand même un rapport compliqué à la sexualité. Nimier... les belles bagnoles, à l'époque, ce n'était pas du tout un argument pour moi. Et le peu que j'ai essayé d'en lire m'est toujours tombé des mains. M. Marmin écrivait récemment que son oeuvre était surestimée, M.-É. Nabe écrivait moins récemment que c'est peu de temps avant sa mort que Nimier s'attelait à se débarrasser de ses préciosités de petit merdeux de droite (c'est ma formulation) pour des textes plus épurés et sincères. - Bref : jamais lu. Déon était déjà un vieux con, allait le rester encore longtemps - l'avait probablement toujours été. Morand, comme dans un autre genre Gombrowicz, était à mes yeux condamné par tous les petits merdeux de droite, précisément, qui l'encensaient.
Il y avait Drieu, tout de même : il avait fait la guerre, il se tapait des belles femmes, tout en se plaignant sans cesse de tout, de rien, et des femmes en particulier, dans une gravité un peu forcée mais néanmoins sincère sur le fond. Il s'était suicidé, cela flatte le romantisme de la jeunesse. Malheureusement, il n'écrivait pas très bien, rien à voir en tout cas avec Céline. Gênant ! - Il y aurait pu y avoir Rebatet, mais je ne me souviens pas quand j'en ai entendu parler pour la première fois. La connaissance de l'existence même des Deux étendards me vint je crois à la fois de la fréquentation des bouquinistes et de la lecture du Régal des vermines : sur le tard.
Pour résumer : si en France, comme le dit Thibaudet, la politique est à gauche et la littérature à droite, les auteurs dits de droite étaient quand même, pour un jeune homme bien plus littéraire que politique, un peu décevants. Encore, si Céline avait été un peu moins crade avec lui-même et un peu moins hygiéniste avec les femmes...
Que les bonheurs cernés par le monde où nous sommes."
R. Brasillach, dans ses Poèmes de Fresnes. En réalité, j'ai lu Les sept couleurs durant mon adolescence, mais n'ai jamais été plus loin dans l'oeuvre de ce normalien déprimé, caricature de l'intellectuel à lunettes (et je suis intellectuel à lunettes), en même temps perdu dans un monde quelque peu séparé du nôtre. Il y aurait une typologie à faire de nos attirances pour les écrivains de droite dans notre jeunesse au sein d'un monde de gauche. Céline, j'en lisais beaucoup, mais sans trop vouloir m'identifier à un type sale et hirsute, à la fois persécuteur et persécuté, et qui avait quand même un rapport compliqué à la sexualité. Nimier... les belles bagnoles, à l'époque, ce n'était pas du tout un argument pour moi. Et le peu que j'ai essayé d'en lire m'est toujours tombé des mains. M. Marmin écrivait récemment que son oeuvre était surestimée, M.-É. Nabe écrivait moins récemment que c'est peu de temps avant sa mort que Nimier s'attelait à se débarrasser de ses préciosités de petit merdeux de droite (c'est ma formulation) pour des textes plus épurés et sincères. - Bref : jamais lu. Déon était déjà un vieux con, allait le rester encore longtemps - l'avait probablement toujours été. Morand, comme dans un autre genre Gombrowicz, était à mes yeux condamné par tous les petits merdeux de droite, précisément, qui l'encensaient.
Il y avait Drieu, tout de même : il avait fait la guerre, il se tapait des belles femmes, tout en se plaignant sans cesse de tout, de rien, et des femmes en particulier, dans une gravité un peu forcée mais néanmoins sincère sur le fond. Il s'était suicidé, cela flatte le romantisme de la jeunesse. Malheureusement, il n'écrivait pas très bien, rien à voir en tout cas avec Céline. Gênant ! - Il y aurait pu y avoir Rebatet, mais je ne me souviens pas quand j'en ai entendu parler pour la première fois. La connaissance de l'existence même des Deux étendards me vint je crois à la fois de la fréquentation des bouquinistes et de la lecture du Régal des vermines : sur le tard.
Pour résumer : si en France, comme le dit Thibaudet, la politique est à gauche et la littérature à droite, les auteurs dits de droite étaient quand même, pour un jeune homme bien plus littéraire que politique, un peu décevants. Encore, si Céline avait été un peu moins crade avec lui-même et un peu moins hygiéniste avec les femmes...
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