vendredi 12 mai 2017

S'abîmer dans le socialisme, la démocratie, le germanisme... Renan cité et glosé par Victor NGuyen et votre serviteur AMG.

"Renan n[e] conclut point, à la différence de Gobineau, à une décadence absolue : le goût des arts, de la science, de la richesse survivra, mais l'esprit guerrier, lui, disparaîtra. [En fait, en disparaissant l'esprit guerrier fait disparaître graduellement les autres goûts à sa suite, nous le voyons maintenant, note de AMG.] L'Angleterre, en proie à une semblable évolution, en a tiré les conséquences ; chez elle, il n'existe pas de contradictions entre les objectifs de l'État et les désirs de la société. Pourquoi cette divergence : « La similitude de l'Angleterre et de la France du Nord m'apparaît chaque jour davantage. Notre étourderie vient du Midi et si la France et si la France n'avait pas entraîné le Languedoc et la Provence dans son cercle d'activités nous serions sérieux, actifs, protestants, parlementaires. » [Ce diagnostic rapide est fort douteux, quand bien même il ne serait pas totalement faux, quand bien même je suis le premier à souhaiter que les Français soient plus souvent sérieux. Mais je l'ai recopié pour cette précieuse et effrayante expression : "sérieux, actifs, protestants, parlementaires…", note de AMG.] L'antagonisme entre Paris et la province provient de cette absence du sens de la chose publique qui fait tant défaut au Français. [J'interviens encore, excusez-moi : ce n'est pas l'absence qui fait défaut, c'est le sens de la chose publique. Note de AMG…] L'hostilité ne vise pas seulement le Paris révolutionnaire, mais autant le siège et l'incarnation de l'État : « C'est Paris qui lève les hommes, qui absorbe l'argent, qui l'emploie à une foule de fins que la province ne comprend pas. » Dès avant la guerre [de 1870, note de…], Renan avait déjà rappelé le rôle primordial de la monarchie dans la naissance de la France et, constatant la difficulté à poursuivre désormais de grands desseins en régime démocratique, il pouvait envisager une Finis Franciae qui rejoignait les propos tenus en 1869 par Prévost-Paradol devant la montée de l'esprit révolutionnaire : « Nous verrons bientôt la fin de l'État. » Car, observe Renan, « s'il est vrai comme il semble que la royauté et l'organisation nobiliaire de l'armée sont perdues chez les peuples latins, il faut dire que les peuples latins appellent une nouvelle invasion germanique et la subiront [il y en eut effectivement trois depuis, quatre si l'on compte l'organisation de l'UE, note de AMG.] » Ne sont-ils pas destinés, comme les Celtes, à s'abîmer dans la démocratie et le socialisme dont l'issue ne fait pas de doute en fonction des précédents historiques ? « La réponse à chaque progrès du socialisme pourra être de la sorte un progrès du germanisme, et on entrevoit le jour où tous les pays de socialisme seront gouvernés par des Allemands. L'invasion du IVe et du Ve siècle se fit par des raisons analogues, les pays romains étant devenus incapables de produire de bons gendarmes, de bons mainteneurs de propriété… »"

L'erreur (c'est facile à dire avec le recul) de Renan et de Prévost-Paradol étant ici de croire que l'État allait disparaître sous les coups du socialisme, de l'esprit révolutionnaire, etc., au lieu que ceux-ci ont fait au contraire croître l'emprise de l'État sur nos vies. Et comme le socialisme, dans ce sens révolutionnaire, et le capitalisme, qui est révolutionnaire par essence, relisez Marx, sont des idéologies conquérantes et jamais rassasiées… elles prennent l'État ensemble, comme en Allemagne, qui semble avoir du mal maintenant à générer des contrepoisons nationaux/familiaux, comme en Russie bolchevique, comme en Chine... Céline et Jean Yanne à sa suite s'alarmaient des Chinois à Paris, la suite finalement est logique : le devenir-chinois des esclaves salariés français, sous l'égide du capitalisme socialiste « européen ». - Et là encore, ces salauds d'Anglais et d'Américains gardent un peu de contrepoison pour eux, mettent moins de socialisme dans leur capitalisme. Comme on dit quand on se cuite à 15 ans : ce sont les mélanges qui sont dangereux, ce sont les mélanges qui te donnent la gueule de bois. Nous n'avons pas fini de cuver !