"Violente même lorsqu'elle semble douce…" - Pierre Boutang, suite encore.
Ou plutôt flashback, car ce texte se situe, dans l'Ontologie du secret, tout de suite avant la phrase que j'ai citée il y a deux jours :
"Le troisième moment, celui de la « substitution », serait celui que Vico appelle âge humain. Ce mot de substitution nous a paru utile en ce qu'il indique un projet jamais complètement réalisé, où l'homme, qui soumet et « commet » les énergies du monde, se substitue au Créateur, et cesse d'adorer pour attendre et exiger. (…) Dans la vie personnelle, il coïnciderait avec l' « ingratitude », l'âge ingrat, qui revient plusieurs fois dans la vie, après les années de croissance et de création. L'homme, ou l'adolescent, se situe au centre du monde, et cesse d'adorer, et, simultanément, cessant de créer et de rejoindre, il instaure ou accepte des procédés de substitution dans les choses mêmes ; c'est aussi le moment de la liberté formelle, de la généralisation, et de l'usage spontané du fonctionnel.
Après la substitution se trouverait nécessairement le « châtiment » - nous préférons ce mot à celui de décadence, et le prenons en son sens, non seulement éthique, de préparation, violente même lorsqu'elle semble douce, à un nouveau cycle du devenir. En lui se décompose le mixte institué dans la période de substitution ; l'homme y devient « même pas ainsi », doutant de sa propre nature et niant son origine divine, pure fonction de fonctions. C'est dans une telle direction que, par exemple, Josef Schumpeter a décrit une dissolution concevable du capitalisme industriel : non, comme chez Marx, sous le poids de ses contradictions, mais parce que sa partie cachée - les vertus précapitalistes et chrétiennes qui le sous-tendaient secrètement - se dissiperait sans retour.
Sans retour, du moins, si le capitalisme n'était qu'un accident ou élément d'une totalité sociale appelée à se réformer ou réinventer dans un nouvel âge héroïque."
"Le troisième moment, celui de la « substitution », serait celui que Vico appelle âge humain. Ce mot de substitution nous a paru utile en ce qu'il indique un projet jamais complètement réalisé, où l'homme, qui soumet et « commet » les énergies du monde, se substitue au Créateur, et cesse d'adorer pour attendre et exiger. (…) Dans la vie personnelle, il coïnciderait avec l' « ingratitude », l'âge ingrat, qui revient plusieurs fois dans la vie, après les années de croissance et de création. L'homme, ou l'adolescent, se situe au centre du monde, et cesse d'adorer, et, simultanément, cessant de créer et de rejoindre, il instaure ou accepte des procédés de substitution dans les choses mêmes ; c'est aussi le moment de la liberté formelle, de la généralisation, et de l'usage spontané du fonctionnel.
Après la substitution se trouverait nécessairement le « châtiment » - nous préférons ce mot à celui de décadence, et le prenons en son sens, non seulement éthique, de préparation, violente même lorsqu'elle semble douce, à un nouveau cycle du devenir. En lui se décompose le mixte institué dans la période de substitution ; l'homme y devient « même pas ainsi », doutant de sa propre nature et niant son origine divine, pure fonction de fonctions. C'est dans une telle direction que, par exemple, Josef Schumpeter a décrit une dissolution concevable du capitalisme industriel : non, comme chez Marx, sous le poids de ses contradictions, mais parce que sa partie cachée - les vertus précapitalistes et chrétiennes qui le sous-tendaient secrètement - se dissiperait sans retour.
Sans retour, du moins, si le capitalisme n'était qu'un accident ou élément d'une totalité sociale appelée à se réformer ou réinventer dans un nouvel âge héroïque."
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