Les merveilleuses distinctions de l'oncle Jean (Madiran).
En note de son ouvrage sur L'intégrisme, Jean Madiran nous donne une mise au point ma foi claire sur les fausses symétries que l'on a trop souvent tendance à voir entre deux adversaires : capitalistes et communistes, Israéliens et Palestiniens, extrême-gauche et extrême-droite, etc. Je vous laisse appliquer les idées qui suivent aux exemples que vous souhaitez, en insistant sur le fait important que, justement, tous les cas que j'ai cités ne sont pas équivalents à cet égard, que la façon dont les symétries sont fausses n'est pas nécessairement la même dans chaque cas.
Précisons de plus que J. Madiran raisonne ici sur le cas des progressistes par rapport aux intégristes au sein du monde catholique, comme s'il suffisait de dire que certains étaient trop dans le camp du progrès, d'autres trop dans le camp de la réaction, pour régler la question. Qu'il y ait du trop dans deux camps ne signifie pas que ce trop soit de même nature, ni que les deux camps aient également tort.
Quant à la notion de prudence et de jugement prudentiel (Aristote, Saint Thomas, Wittgenstein...) : il s'agit une morale de l'action, la prudence est ici la vertu de la raison pratique lorsqu'elle affronte un cas singulier, que les seuls commandements religieux ou éthiques, ou la seule appréhension intellectuelle, ne peuvent définir parfaitement. En vocabulaire sportif, on parlerait de prise de risques contrôlée. J'y reviendrai peut-être, Madiran a écrit un joli petit opuscule sur le sujet. Laissons-lui donc la parole.
"En face de tendances ou d'excès contraires, on a facilement tendance à croire qu'il y aurait automatiquement symétrie de contenu et de gravité : si une telle simplification est commode aux auteurs de manuels, elle est rarement conforme à la réalité ; c'est une simplification logique, une classification claire, mais souvent, rien de plus. Modernisme et intégrisme, ou ultérieurement, si l'on veut, progressisme et intégrisme, sont contraires en ce qu'ils s'opposent l'un à l'autre : il ne s'ensuit pas qu'ils soient absolument symétriques, ni qu'ils doivent forcément, en justice et en prudence, être traités strictement de la même manière. En outre, il peut se trouver, à la racine de leur opposition, une erreur commune, mais inégalement acceptée, interprétée et développée. Selon les circonstances, un jugement prudentiel de l'autorité religieuse peut désigner, parmi deux tendances opposées et erronées, l'une des deux comme le plus grand péril du moment ; ce n'est pas un encouragement à tomber dans l'excès contraire (et non symétrique) ; mais c'est la nécessaire prise en considération de facteurs existentiels, contingents, qui sont hors des prises de la seule analyse logique."
Appliquons ces idées à notre situation : ce n'est pas parce que l'on est sensible aux dangers du sionisme que l'on doit considérer les djihadistes comme de simples instruments, comme de simples manipulés. Et inversement, on peut être antisioniste et considérer qu'en ce moment la priorité pour un Français réside plus dans la lutte contre le djihadisme que contre le sionisme. Etc.
Précisons de plus que J. Madiran raisonne ici sur le cas des progressistes par rapport aux intégristes au sein du monde catholique, comme s'il suffisait de dire que certains étaient trop dans le camp du progrès, d'autres trop dans le camp de la réaction, pour régler la question. Qu'il y ait du trop dans deux camps ne signifie pas que ce trop soit de même nature, ni que les deux camps aient également tort.
Quant à la notion de prudence et de jugement prudentiel (Aristote, Saint Thomas, Wittgenstein...) : il s'agit une morale de l'action, la prudence est ici la vertu de la raison pratique lorsqu'elle affronte un cas singulier, que les seuls commandements religieux ou éthiques, ou la seule appréhension intellectuelle, ne peuvent définir parfaitement. En vocabulaire sportif, on parlerait de prise de risques contrôlée. J'y reviendrai peut-être, Madiran a écrit un joli petit opuscule sur le sujet. Laissons-lui donc la parole.
"En face de tendances ou d'excès contraires, on a facilement tendance à croire qu'il y aurait automatiquement symétrie de contenu et de gravité : si une telle simplification est commode aux auteurs de manuels, elle est rarement conforme à la réalité ; c'est une simplification logique, une classification claire, mais souvent, rien de plus. Modernisme et intégrisme, ou ultérieurement, si l'on veut, progressisme et intégrisme, sont contraires en ce qu'ils s'opposent l'un à l'autre : il ne s'ensuit pas qu'ils soient absolument symétriques, ni qu'ils doivent forcément, en justice et en prudence, être traités strictement de la même manière. En outre, il peut se trouver, à la racine de leur opposition, une erreur commune, mais inégalement acceptée, interprétée et développée. Selon les circonstances, un jugement prudentiel de l'autorité religieuse peut désigner, parmi deux tendances opposées et erronées, l'une des deux comme le plus grand péril du moment ; ce n'est pas un encouragement à tomber dans l'excès contraire (et non symétrique) ; mais c'est la nécessaire prise en considération de facteurs existentiels, contingents, qui sont hors des prises de la seule analyse logique."
Appliquons ces idées à notre situation : ce n'est pas parce que l'on est sensible aux dangers du sionisme que l'on doit considérer les djihadistes comme de simples instruments, comme de simples manipulés. Et inversement, on peut être antisioniste et considérer qu'en ce moment la priorité pour un Français réside plus dans la lutte contre le djihadisme que contre le sionisme. Etc.
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