dimanche 17 décembre 2017

(Picasso, les femmes, Dieu, tout ça ; suite.)

Et Jean Clair d’enchaîner, quelques paragraphes après : 

"Aussi, quel aveu de sottise, celui des biographes, aujourd’hui acharnés - pardon, acharné(e)s car de « biographe », mot où l’ogre affleure, quel est le féminin ? - à le peindre sous les traits de l’ogre par conséquent, démon noir, Minotaure qui dévorait ses épouses, ou, plus simplement, du surhomme qui jetait ses femmes après qu’il en avait usé. De lui, on pourrait plutôt dire ce qu’une femme [Micheline Sauvage], avant que le féminisme n’empoisonne les [rapports entre les, ajout de AMG] sexes, écrivait de Don Juan : « Non pas le profanateur de l’amour, mais le héros de l’amour profane ».

Toute passion se nourrit de sacrifices. Le sacrifice est Passion. Il faut être Américain, et croire ingénument que l’art est utile à éduquer les petits enfants et à purifier les adultes, donc nécessaire au welfare d’une société éclairée, pour croire à l’innocence de l’art. Un artiste est un criminel, un hors-la-loi, un pervers. A ceci près qu’il paye ses forfaits au prix fort, et d’une autre monnaie que celle dont on règle, en salle des ventes, ses oeuvres, une fois qu’il est mort. Son génie, quel est-il, sinon s’arroger sur le visible un droit de regard que le commun n’a jamais su prendre ? De là que tant de religions interdisent les images."


Tant de religions, mais pas la catholique, soit dit en passant.