"Et l'Islam ?"
Nous recevions l’autre jour un sympathique couple de voisins mélenchoniens, la conversation a porté, je ne me souviens plus pourquoi ni comment, sur le baptême de mes enfants. Il se trouve, je vous épargne les détails, qu’ils ont été baptisés, dans des conditions assez rocambolesques, pour faire plaisir à leurs grands-parents, à une époque (2002) où j’étais assez scandalisé par cette pratique, puisqu’on "ne demande pas leur avis aux enfants". (J’ai maintenant compris que c'est justement la logique de ce sacrement.) A la fin de notre récit, je crois honnête de préciser à l'assemblée que j’ai depuis évolué sur cette question comme sur la religion catholique en général, ce qui suscite immédiatement la consternation de nos invités. S’ensuit un dialogue tout à fait courtois, mais où je ne pouvais exposer le moindre argument positif quant au catholicisme, sans m’entendre répondre, régulièrement, comme un réflexe : "Et l’Islam ?"
Il faut je croire y voir deux raisons proches l’une de l’autre. Il y a d’abord un côté « lutte contre les discriminations », poussé jusqu’à la caricature : dans une conversation privée entre des gens qui n’ont par ailleurs aucune responsabilité publique, on devrait quand même pouvoir dire du bien d’une religion sans être sommé d’en dire autant de la religion principale des immigrés, des migrants, des réfugiés, etc. Le politiquement correct est tel que tout particulier se doit de parler comme un président de la République en un discours officiel, marchant sur des oeufs et devant ménager toutes les susceptibilités. L’autre attitude de mes interlocuteurs (d’autres invités ont fait chorus ; personne parmi nous n’était croyant, personne n’était musulman) reposait sur l’idée que "toutes les religions sont bonnes", i. e. "toutes les religions sont égales", i. e. "il faut toutes les accepter… momentanément", i. e. "il faut donc bien aussi accepter le catholicisme.", i. e. "on veut bien ne pas te considérer comme un sale type si tu admets l'égalité de toutes les religions." Sans je crois avoir abdiqué sur cette problématique, je n’ai malheureusement pas eu la présence d’esprit de faire explicitement remarquer que cet oecuménisme plat est, Jean Madiran le remarquait avec à-propos, une insulte à toutes les religions, chacune d’entre elles se considérant, et dans le principe elles ont raison, supérieure et plus vraie que les autres.
Tout cela n’est pas bien nouveau. Il reste néanmoins surprenant d’observer in vivo ces réflexes de Français qui, quoi qu’ils en aient, sont formés par une culture aux racines chrétiennes (à dessein je n’écris pas judéo-chrétiennes, je reviendrai peut-être là-dessus à l’occasion) et qui croient que c’est en évacuant le plus possible cette culture et ces racines, qu’ils "amélioreront les choses". En pleurer n’empêche pas d’en rire - après tout, voir des gens qui ne savent pas ce qu’ils font est aussi un ressort comique.
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