samedi 20 janvier 2018

"La condition de départ pour pouvoir penser ce monde..."

"La condition de départ pour pouvoir penser ce monde, c'est l'insoumission. S'insoumettre c'est refuser que l'ordre établi est un ordre définitif. Il faut apprendre à refuser que l'inégalité est un fait naturel. C'est un fait social."

Passons sur les fautes et impropriétés (« s’insoumettre » n’est pas dans mon Robert ; on refuse plus une idée qu’on ne « refuse que », tournure qui appellerait logiquement un subjonctif…), et concentrons-nous sur le propos. - Dans le droit fil de mes remarques d’hier et des jours passés, je tombe donc sur ce tweet de Jean-Luc Mélenchon. Il y enfile les perles. 

"La condition de départ pour pouvoir penser ce monde, c'est l'insoumission." Pourquoi cela ? S’il faut vraiment une condition de départ, l’observation, l’attention, ce ne serait pas plus logique et plus modeste ? Une sorte de soumission préalable, et merde à ma propre islamophobie, me semblerait plus à propos. Dans un deuxième temps, mais dans un deuxième temps seulement, on peut effectivement décider de lutter contre certains des aspects de ce monde. 

"Refuser que l’ordre établi [soit] un ordre définitif." Ce n’est pas pour contredire, mais j’aimerais bien le contraire, être en situation de souhaiter que l’ordre établi le soit pour longtemps, cela serait bon signe. Nous n’en sommes certes pas là. 

" Il faut apprendre à refuser que l'inégalité est un fait naturel." Ces dernières années, lorsque quelqu’un de gauche parle d’« apprendre », il n’est pas rare que cela évoque un dressage à la mode communiste, une lutte fanatique pour changer ce qui ne peut l’être. En l’occurrence, et c’est ce que disait mon poète d’hier, l’inégalité est un fait naturel. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait aussi des inégalités sociales. S’il n’est pas toujours aussi aisé que l’on pense de les distinguer, on ne risque pas d’aider à la « pensée du monde », ambition déclarée de M. Mélenchon, avec un tel postulat.


Note : 6/20.