vendredi 12 janvier 2018

"Nous sommes aujourd’hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle."

Voilà un langage d’adultes, cette phrase provenant bien sûr de la fameuse « Tribune Deneuve », que j’ai enfin lue dans son intégralité. 

J’avais prévu de faire un bilan de cette année de mise en ligne quotidienne de citations, année qui suite à une interruption de douze jours lors de mes vacances s’achève ce 12 janvier - tout en me demandant bien ce que j’allais raconter. L’actualité quelque peu émouvante ma foi me permet de surseoir à l’obligation que je m’étais à moi-même fixé, nous en reparlerons donc... bientôt. 

Des femmes qui assument, bien ou mal, mais la vie est un risque, leur autonomie, et qui envoient sympathiquement chier la police, féministe en l'occurrence, c’était déjà pas mal. Plus que sa phrase par trop directe, la transformation de la vie de Brigitte Lahaie en itinéraire, elle qui d’une certaine façon et pour reprendre le fil de la méditation d’hier, avait réussi au fil du temps à surmonter la dichotomie Aut vultus aut vulva, à faire que son visage (c’est-à-dire sa personne), supplante dans l’esprit des gens sa vulve, pourtant en son temps la plus célèbre et la plus vue de France ; et qui en une phrase se retrouve quasiment assimilée à un phallus, puisque moralement complice de tous les violeurs de la planète : un itinéraire donc, voire un destin que nous voyons devenir romanesque sous nos yeux, en 24 heures… c’est encore mieux. On critique les réseaux sociaux, mais il n’y a qu’eux et leurs potentialités de lynchage (tout le monde ici espère jeter la première pierre…) pour faire d’une ancienne actrice porno une figure sacrificielle. 

 - Ceci étant, être actrice de films pornographiques au début des années 70 et à l’époque des sextapes, ce n’est pas la même chose, il y fallait plus de courage que maintenant, quoi que l’on pense de l’activité en question, que je me garderai de juger de façon univoque. Brigitte Lahaie n’était déjà pas n’importe qui, c’est un fait. 



Ajoutons pour être complet qu’à ma toute petite échelle j’ai participé au débat. Ayant découvert sur Twitter que l’éventualité évoquée dans la Tribune-Deneuve d’une appli permettant aux partenaires sexuels de certifier avant l’acte leur consentement, j’ai spontanément twitté : "Je hais ce protestantisme qui nous fait tant de mal". Cela a été retweeté par Julien Rochedy, et m’a valu du coup un petit quart d’heure de célébrité ce matin, ainsi que quelques questions sur ce que j’ai voulu dire. J’ai déjà répondu au début de ce texte : la vie est un risque, ai-je écrit avec quelque pompe (sans jeu de mots…), et c’est bien cela qu’un état d’esprit protestant désespérément contractuel, qui toujours place le droit, les juges et les avocats, au centre de tout, comme assurance, garantie, protection, c’est bien cela qu’un état d’esprit protestant cherche à occulter, ne veut pas admettre. Il y a de l'impondérable. Et dans un domaine, la séduction, où il peut être si délicieux de s’oublier, oui, ce tour d’esprit peut donner envie de vomir. - Tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer une appli dans laquelle Dieu certifiera aux croyants qu’il existe, qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise ? Qu’ils peuvent donc avoir confiance