jeudi 24 janvier 2019

"Le caractère et l’amplitude."

Saint Paul ? D’accord, saint Paul. 

Je tombe sur ces lignes à lui consacrées dans un petit livre d’analyse des « Épitres de la captivité », par le Père Joseph Huby, S. J., en 1935. Les italiques sont parfois des citations de saint Paul, ou des reprises de termes utilisés dans les épitres. S’intercalent - on est chez un jésuite, ça ne rigole pas - des commentaires d’autres auteurs ; j’en ai supprimé un, j’indique le nom de l’auteur des autres entre crochets :

"Comme il a été appelé à être ministre de l’Évangile, saint Paul a été constitué serviteur de l’Église : il a reçu de Dieu, à l’égard des Gentils, la charge de parfaire la parole de Dieu, c’est-à-dire de la prêcher dans sa plénitude, de l’annoncer tout entière et à tous. Cette parole de Dieu, saint Paul en définit le caractère et l’amplitude. Ce n’est pas seulement un mystère, un secret, entre autres vérités jusqu’alors cachées, mais le Mystère, le secret de Dieu relatif au salut des hommes par le Christ, et, conséquemment, l’objet par excellence de la révélation chrétienne et de la prédication de l’Apôtre. Mystère, pour saint Paul, ne signifie pas un enseignement ésotérique, réservé à un petit groupe d’initiés, mais une vérité qui ne peut être connue sans révélation divine. 

Le Mystère, ce dessein providentiel, « qui admet les Gentils, sans stage préalable et sur un pied d’égalité parfaite avec les fils d’Israël, à la participation totale du don divin, dans le Christ Jésus [L. de Grandmaison] », a été tenu caché depuis l’origine des siècles et des générations qui les composent. Dans l’épître aux Romains saint Paul avait de même parlé du mystère « tu aux jours éternels ». (…) Saint Paul ne nie pas l’idée d’une révélation commencée dans l’Ancien Testament, de promesses de salut proclamées par les prophètes ; tout au contraire, il nous montre la Loi et les Prophètes, annonçant et préparant l’Évangile. Mais l’Ancien Testament ne contenait pas la « manifestation » du salut promis. Cette manifestation dans le Nouveau Testament a été si lumineuse, si éclatante, que tous les temps qui ont précédé peuvent être considérés comme des temps de pénombre, de silence. 

Maintenant une nouvelle ère a commencé ; le mystère du salut a été manifesté par Dieu à ses saints, c’est-à-dire à tous les chrétiens. Dieu a voulu leur faire connaître quelle est la richesse de la gloire de ce mystère parmi les Gentils, combien magnifique est la manifestation du plan divin du salut, se réalisant parmi les païens. 

Comme on a pu dire en raccourci que « le Royaume de Dieu, c’est Jésus, connu, goûté, possédé [L. de Grandmaison] », saint Paul, en quelques mots, a exprimé le contenu essentiel du Mystère : « C’est le Christ en vous, païens, vous apportant le salut par l’union avec Lui en un seul corps, le Christ, espérance de la gloire, c’est-à-dire auteur et garant de la félicité glorieuse que vous espérez. » Avant leur conversion, les païens étaient « ceux qui n’avaient pas d’espérance » ; maintenant, unis au Christ, ils ont ouvert leur âme à un espoir qui ne saurait les tromper. 

En conformité avec le dessein providentiel qui veut le salut de tous les hommes, des païens comme des Juifs, saint Paul annonce le Christ, sans se laisser arrêter par aucune barrière de caste ou de race. A l’égard de tous ceux qu’il peut atteindre, il exerce un double office : les reprendre pour les amener à la pénitence et à la réforme de leur vie, les instruire de toute sagesse, en leur communiquant la pleine connaissance de Dieu et de la doctrine chrétienne, afin de rendre tout homme accompli dans le Christ, incorporé à Lui, vivant de sa vie et par là atteignant la perfection à laquelle Dieu l’a appelé."


Rien moins. Rien moins !