dimanche 20 janvier 2019

"C’est aux non-chrétiens à expliquer..."

Pierre Boutang, interrogé par Éric Vatré, 1994 : 

" - La référence habituelle de Jean-Paul II aux « droits de l’homme » s’inscrit-elle naturellement dans la Tradition de l’Église ?

Bien sûr, si les hommes ont des droits, c’est bien dans Saint Thomas ; si l’homme a des droits, c’est bien dans le point de vue traditionnaliste. Si ce n’est pas traditionnaliste, comment l’idée même de ces droits pourrait-elle être transmise ? S’il n’y a pas Tradition, rien n’existe pour ce qui est des droits de l’homme. 

C’est aux non-chrétiens à expliquer une évolution très curieuse dans l’histoire, en particulier depuis la Révolution française. La proclamation de la mort de Dieu a conduit progressivement et invinciblement à la mort effective de l’idée de l’homme et de son droit ; l’évidence est apparue que le droit de l’homme ne pouvait avoir de sens hors de la garantie divine. 

C’est la question du génocide qui pose à sa limite extrême le problème des droits de l’homme, et de ce premier droit, fondé sur la création de l’homme par Dieu, pour tout ensemble humain de survivre. Ce droit de l’homme est dans la Bible celui qui entraîne le châtiment de la loi d’Égypte qui condamne à mort toute une espèce du genre humain. A ce point de vue, a-t-on assez médité sur le cas du premier « révisionniste » du génocide décrit par la Thora judaïque, qui est Sigmund Freud, niant la réalité de la condamnation à mort portée par l’Égypte sur tous les petits enfants juifs. Révisionnisme poussé jusqu’à l’hypothèse folle d’un Moïse qui aurait été en réalité égyptien…

Lorsque Jean-Paul II parle des droits de l’homme, il entend : de l’homme à l’intérieur du projet divin de la création et du salut. Si le projet « démocratique » ou le projet des « Lumières » a été de laïciser le concept des droits de l’homme, la suite des horreurs des deux derniers siècles, jusqu’au génocide nazi qui en est la conclusion la plus énorme, prouve assez que c’était une folie."


Une nuance sur la fin : "qui en est à ce jour la conclusion la plus énorme…"