"Puis nous sommes entrés dans la célèbre ville de Paris..."
En 1323, l’Irlandais Symon Semeonis entreprend un pèlerinage en Terre Sainte. N’ayant jamais quitté auparavant son île natale, il décrit les grandes villes européennes dans lesquelles il fait étape. Voici sa description de Paris :
"…par Beauvais, nous sommes arrivés à Saint-Denis, où les rois de France sont enterrés dans une belle abbaye bénédictine ; parmi les reliques de l’église, il y a un clou de la croix du Seigneur.
Puis nous sommes entrés dans la célèbre ville de Paris, la plus peuplée de toutes les villes chrétiennes, riche de toutes sortes de biens, entourée d’une muraille de pierres taillées, fortifiée de hautes tours bien défendues. Comme Londres, Paris renferme un grand nombre d’abbayes et d’églises, dont les hautes tours et les campaniles bien décorés font la beauté de la ville. Paris est la nourricière de la théologie et de la philosophie, la mère des autres arts libéraux, la maîtresse de la justice, le modèle de la morale, le miroir et la lampe de toutes les vertus morales et cardinales. Elle est traversée par la fameuse rivière de Seine qui forme en son milieu une île oblongue dans laquelle est édifiée l’église bien connue dédiée à la Vierge Marie. L’église est en pierres taillées et sculptées ; la façade occidentale et les hautes tours sont décorées d’une infinie variété de sculptures. Dans la même île, on voit le magnifique palais du roi de France avec sa célèbre et splendide chapelle ornée d’histoires bibliques et renfermant les reliques les plus précieuses, la couronne d’épines, intacte, du bois de la glorieuse et salutaire Croix du Christ, deux clous, la lance dont Longin perça le côté du Christ d’où sortit du sang et de l’eau, comme en témoigne saint Jean l’Évangéliste. Il y a aussi du lait et des cheveux de la Vierge et beaucoup d’autres reliques de saints et de saintes que le roi garde avec grand soin.
Nous avons ensuite dirigé nos pas vers Châtillon-sur-Seine…"
Oui, tout à coup, cela fait trajet du RER. - Cette description laisse des sentiments contradictoires : cette joie communicative du voyageur étranger découvrant la beauté de notre capitale ; l'idée lancinante que si nous sommes tombés si bas après être montés si haut, c'est peut-être que nous devons laisser la place, et tant pis si ceux qui arrivent n'ont pas l'air de vraiment le mériter...
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