Les demi-juifs sont toujours réussis.
Je pensais avoir trouvé une mine de citations avec le Journal de l’abbé Mugnier, je me suis peut-être enflammé trop vite. Ce qui n’est pas plus mal, avec mes histoires d’Abellio d’une part, de Simon Leys et de marine d’autre part, j’ai suffisamment de chantiers en cours. Quelques extraits du Journal tout de même ce soir, sans qu’il faille y chercher trop d’intentions de ma part :
1917, 28 octobre.
"Jean Cocteau me citait cette belle parole de Goethe : « Un peuple est perdu quand il ne fait plus la révérence aux étoiles. » Comme je lui faisais remarquer que Goethe a mis quarante et un ans à composer les deux Faust, Jean m’a dit qu’il s’en étonnait, car on pouvait écrire cela en quinze jours.
L’abbé Brémond me disait, tout à l’heure, qu’il fallait attribuer la liberté d’esprit des auteurs spirituels du temps de Louis XIII à ce qu’il n’y avait pas de séminaires. Il n’y avait pas non plus de direction, comme on l’entend aujourd’hui, mais on avait le culte des héros, c’est-à-dire que quand un saint apparaissait, on allait à lui."
(Ce qui est une preuve d’humilité ; au contraire de l’envie contemporaine, qui pousse à couper toute tête qui dépasse.)
7 novembre :
"Été revoir la duchesse de La Rochefoucauld, heureuse de me citer ce mot : « Les juifs se conduisent bien. Rien d’étonnant, car c’est une guerre d’usure. »"
Et passons directement au 6 octobre 1924 :
"Valéry a parlé beaucoup et avec esprit. C’est un cerveau en mouvement. En voyant dans mon salon le portrait de Richard Wagner, Valéry disait que c’est l’homme extraordinaire, celui qu’il admire le plus. Et il faisait remarquer la beauté du temporal. Wagner serait un demi-juif, comme Bergson. Les demi-juifs sont toujours réussis, ajoutait-il. Il m’a cité le mot de Huysmans sur Lamennais, d’après les révélations de Dessus : Lamennais, sur son lit de mort, avec l’organe exercé du pédéraste. Valéry nous dit avoir écrit Monsieur Teste à Montpellier dans la chambre où est né Auguste Comte."
Sacré Huysmans, l’organe exercé du pédéraste pour désigner un orifice anal anormalement dilaté, il fallait y penser. Le lit de mort ne pardonne rien… A demain !
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