lundi 10 juin 2019

Le Diable, les féministes, les imbéciles...

Les vacheries de Baudelaire sur George Sand sont célèbres, mais qu’elles sont sensées ! Justes ou injustes à l’égard de l’auteur d’une Histoire de ma vie que Céline (qui comme Baudelaire croyait au Diable) admirait, je l’ignore, je ne l’ai jamais lue ; mais sensées : 

"La femme Sand est le Prudhomme de l’immoralité. Elle a toujours été moraliste.
Seulement elle faisait autrefois de la contre-morale. - Aussi elle n’a jamais été artiste.
Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois.
Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a dans les idées morales la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues. 
Ce qu’elle a dit de sa mère.
Ce qu’elle a dit de la poésie. 
Son amour pour les ouvriers. 
Que quelques hommes aient pu s’amouracher de cette latrine, c’est bien la preuve de l’abaissement des hommes de ce siècle.
Voir la préface de Mademoiselle La Quintinie, où elle prétend que les vrais chrétiens ne croient pas à l’Enfer. La Sand est pour le Dieu des bonnes gens, le dieu des concierges et des domestiques filous. Elle a de bonnes raisons pour vouloir supprimer l’Enfer. (…)

Il ne faut pas croire que le Diable ne tente que les hommes de génie. Il méprise sans doute les imbéciles, mais il ne dédaigne pas leur concours. Bien au contraire, il fonde de grands espoirs sur ceux-là.
Voyez George Sand. Elle est surtout et plus que toute autre chose, une grosse bête ; mais elle est possédée. C’est le Diable qui lui a persuadé de se fier à son bon coeur et à son bon sens, afin qu’elle persuadât toutes les autres grosses bêtes de se fier à leur bon coeur et à leur bon sens.
Je ne puis penser à cette stupide créature sans un certain frémissement d’horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m’empêcher de lui jeter un bénitier à la tête."


Il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je considère diaboliques certaines formes de féminisme. - Ce qui est clair en tout cas, c’est que voilà bien un passage que de nombreux imbéciles et possédés voudraient épurer, et peut-être un jour épureront.