Réaction à chaud.
J'écris ces lignes vers 17 heures, je viens de lire sur Proche-Orient.info, qui sera ma seule source dans ce qui suit, que M. Dieudonné avait cherché à se rétracter et à faire croire qu'il n'avait pas utilisé l'expression de "pornographie mémorielle" au sujet de la Shoah. Si cela est vrai, je trouve cela dommage.
D'une part parce que rien ne sert de nier une vérité : M. Soral par exemple n'a jamais essayé de convaincre quiconque qu'il n'avait pas dit les propos qui lui ont valu de se faire arranger le portrait (où en est l'enquête, à propos ?), il a, comme on fait logiquement dans ces cas-là, expliqué que ses mots avaient dépassé sa pensée. Hypocrite ou sincère, ce genre d'excuse vaut toujours mieux qu'une manipulation stalinienne des faits.
D'autre part parce que, si l'on se fonde uniquement sur les propos rapportés par Proche-Orient.info - dont on admettra que ce n'est pas une source supposée très indulgente à son égard -, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Certes il me semble pour avoir écouté l'enregistrement des propos de M. Dieudonné qu'à un moment il était tout près de dire une vraie insanité, certes encore libre à chacun de se poser des questions sur ce que M. Dieudonné a vraiment en tête. Mais si l'on s'en tient aux faits et aux mots effectivement prononcés, traiter le CRIF de mafia n'est pas très différent de parler de lobby ou de groupe de pression, comme le font certains membres du CRIF eux-mêmes, ou comme l'a sainement regretté M. Finkielkraut il y a peu ; signaler que la présence de 17 ministres au dîner du CRIF est en déséquilibre flagrant avec ce que l'on peut observer comme symboles du même type vis-à-vis d'autres communautés est du pur et simple bon sens ; expliquer que les Juifs tiennent le cinéma français est une bien mauvaise raison pour expliquer que l'on n'a pas pu tourner un film dont le scénario était peut-être très mauvais et rappelle certes de mauvais souvenirs historiques, mais il faut garder en tête, si l'on veut vraiment évoquer ces souvenirs-là, que dans l'Allemagne des années 30 une très forte part du monde du spectacle était composée de Juifs : de ce point de vue l'antisémitisme pouvait se nourrir, dans sa logique propre, de faits ; quant à s'offusquer de l'abus de programmes consacrés à l'extermination des Juifs, il serait malvenu de ma part de m'en offusquer - cf. le texte "Auschwitz-ras-le-bol !" - et ce même si je ne suis pas convaincu que M. Dieudonné partage mon sens des nuances.
Car bien sûr, que l'on l'en blâme ou l'en loue, cet homme-là ne fait pas dans la finesse. Et s'il se met à reculer, cela veut plutôt dire qu'il est involontairement lourd. Mais laissons ce détail. On peut discuter de la stratégie employée, elle n'est pas vraiment ma tasse de thé. D'un certain point de vue M. Dieudonné a donné le bâton pour se faire battre. De là à le traiter comme un criminel ou à lui reprocher d'avoir nié le fait même de l'extermination des Juifs, il y a des marges qu'il me semble pour le moins malvenu de franchir, au moins pour l'heure.
D'une part parce que rien ne sert de nier une vérité : M. Soral par exemple n'a jamais essayé de convaincre quiconque qu'il n'avait pas dit les propos qui lui ont valu de se faire arranger le portrait (où en est l'enquête, à propos ?), il a, comme on fait logiquement dans ces cas-là, expliqué que ses mots avaient dépassé sa pensée. Hypocrite ou sincère, ce genre d'excuse vaut toujours mieux qu'une manipulation stalinienne des faits.
D'autre part parce que, si l'on se fonde uniquement sur les propos rapportés par Proche-Orient.info - dont on admettra que ce n'est pas une source supposée très indulgente à son égard -, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Certes il me semble pour avoir écouté l'enregistrement des propos de M. Dieudonné qu'à un moment il était tout près de dire une vraie insanité, certes encore libre à chacun de se poser des questions sur ce que M. Dieudonné a vraiment en tête. Mais si l'on s'en tient aux faits et aux mots effectivement prononcés, traiter le CRIF de mafia n'est pas très différent de parler de lobby ou de groupe de pression, comme le font certains membres du CRIF eux-mêmes, ou comme l'a sainement regretté M. Finkielkraut il y a peu ; signaler que la présence de 17 ministres au dîner du CRIF est en déséquilibre flagrant avec ce que l'on peut observer comme symboles du même type vis-à-vis d'autres communautés est du pur et simple bon sens ; expliquer que les Juifs tiennent le cinéma français est une bien mauvaise raison pour expliquer que l'on n'a pas pu tourner un film dont le scénario était peut-être très mauvais et rappelle certes de mauvais souvenirs historiques, mais il faut garder en tête, si l'on veut vraiment évoquer ces souvenirs-là, que dans l'Allemagne des années 30 une très forte part du monde du spectacle était composée de Juifs : de ce point de vue l'antisémitisme pouvait se nourrir, dans sa logique propre, de faits ; quant à s'offusquer de l'abus de programmes consacrés à l'extermination des Juifs, il serait malvenu de ma part de m'en offusquer - cf. le texte "Auschwitz-ras-le-bol !" - et ce même si je ne suis pas convaincu que M. Dieudonné partage mon sens des nuances.
Car bien sûr, que l'on l'en blâme ou l'en loue, cet homme-là ne fait pas dans la finesse. Et s'il se met à reculer, cela veut plutôt dire qu'il est involontairement lourd. Mais laissons ce détail. On peut discuter de la stratégie employée, elle n'est pas vraiment ma tasse de thé. D'un certain point de vue M. Dieudonné a donné le bâton pour se faire battre. De là à le traiter comme un criminel ou à lui reprocher d'avoir nié le fait même de l'extermination des Juifs, il y a des marges qu'il me semble pour le moins malvenu de franchir, au moins pour l'heure.
Libellés : Dieudonné, Finkielkraut, Soral
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