Le Pen et lepénisation.
Peut-être ce titre le fait-il comprendre, la réponse à la devinette d'il y a deux-trois jours était Jean-Marie Le Pen. J'avais justement été frappé en découvrant cette phrase de son aspect unanimiste, si ce n'est candide - caractéristiques que l'on ne prête habituellement pas à M. Le Pen.
Tout ceci en guise d'introduction à quelques réflexions venues à la lecture d'un livre de M. Bourseiller, "La nouvelle extrême droite". Titre il est vrai abusif, puisqu'il s'agit de l'opportun(ist)e réédition, après le 21 avril 2002, d'un ouvrage de 1991, "Extrême droite". Bref, cela aurait dû s'appeler "La nouvelle "Extrême droite"".
Qui a lu un livre de Christophe Bourseiller sait que les approximations y jonchent une écriture plate et peu soignée : cela n'empêche pas d'y glaner quelques informations. Il est vrai que l'on peut critiquer les livres de cet autoproclamé "spécialiste des mouvements minoritaires" (qui se vante par ailleurs curieusement d'avoir joué dans "Clara et les chics types"), se désoler qu'il occupe le terrain de la recherche sur l'extrême gauche et l'extrême droite : en même temps, si personne de plus compétent et de plus scrupuleux ne le fait à sa place...
J'y arrive ! Voilà le passage, consacré aux théories du mouvement intellectuel d'extrême droite GRECE, qui m'a chatouillé le cerveau :
"Cette définition identitaire de l'Indo-Européen païen est-elle raciste ? Pas du tout, s'écrie Alain de Benoist : "Je condamne sans aucune exception tous les racismes". Dénonçant effectivement le suprématisme, ainsi d'ailleurs que le biologisme, il bâtit sa théorie des différences sur des critères strictement culturels.
Ce n'est pas nouveau. Julius Evola se définissait déjà en son temps [le fascisme italien, NDCdC] comme un "raciste spirituel". Ne jouons pas sur les mots : il est visible que l'héritage culturel indo-européen correspond à l'identité européenne, donc au monde blanc. Loin de combattre réellement le racisme, la Nouvelle Droite [à laquelle appartient le GRECE, NDCdC] s'entoure d'un prudent camouflage. Ce n'est pas le racisme qu'elle condamne, mais sa version suprématiste, impliquant la supériorité d'une race sur les autres. En lui opposant la jolie formule du "droit à la différence", revendication traditionnelle de toutes les minorités, elle parvient non seulement à banaliser le racisme, mais encore à l'insérer dans le discours de l'époque, et à le respectabiliser en lui donnant un fondement culturel." (éd. du Rocher, p.101).
Le procès d'intention, aussi peu argumenté ici que dans le reste du livre, est certes savoureux, mais c'est surtout l'évolution à laquelle on a pu assister depuis que ces lignes ont été écrites (1991) qui rend ridicule l'opposition manichéenne entre le "prudent camouflage" des racistes d'extrême droite et la "jolie formule" des gentilles minorités, et donne par contrecoup une résonnance nouvelle à la dernière phrase. Finalement, les communautarismes d'aujourd'hui, racismes spirituels banalisés, sont un hommage rendu à la pensée d'Alain de Benoist : le "droit à la différence" est devenu omniprésent. Il eût mieux valu voir le piège derrière une aussi jolie formule, et comprendre que le différentialisme, qu'il ne faut pas confondre avec la nécessaire prise en compte des traditions et des habitudes, n'est pas meilleur ou pire selon qu'il vienne d'épiciers-forcément-poujadistes, de pédales du Marais ou de zélateurs de l'excision : cela reste une idéologie pour soi, pas une utopie collective censée s'adresser à tous. A la limite, dans la version d'Alain de Benoist, du moins telle qu'on la devine à travers la présentation de C. Bourseiller, on a au moins l'impression d'une théorie globale.
Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose d'assez sinistre à saisir sur le vol, au détour d'un paragraphe écrit il y a une quinzaine d'années, le travail de la "lepénisation des esprits" à l'intérieur même de la bien-pensance de gauche. Ce qui a un autre nom, lui aussi sinistre : Sarkozy.
Tout ceci en guise d'introduction à quelques réflexions venues à la lecture d'un livre de M. Bourseiller, "La nouvelle extrême droite". Titre il est vrai abusif, puisqu'il s'agit de l'opportun(ist)e réédition, après le 21 avril 2002, d'un ouvrage de 1991, "Extrême droite". Bref, cela aurait dû s'appeler "La nouvelle "Extrême droite"".
Qui a lu un livre de Christophe Bourseiller sait que les approximations y jonchent une écriture plate et peu soignée : cela n'empêche pas d'y glaner quelques informations. Il est vrai que l'on peut critiquer les livres de cet autoproclamé "spécialiste des mouvements minoritaires" (qui se vante par ailleurs curieusement d'avoir joué dans "Clara et les chics types"), se désoler qu'il occupe le terrain de la recherche sur l'extrême gauche et l'extrême droite : en même temps, si personne de plus compétent et de plus scrupuleux ne le fait à sa place...
J'y arrive ! Voilà le passage, consacré aux théories du mouvement intellectuel d'extrême droite GRECE, qui m'a chatouillé le cerveau :
"Cette définition identitaire de l'Indo-Européen païen est-elle raciste ? Pas du tout, s'écrie Alain de Benoist : "Je condamne sans aucune exception tous les racismes". Dénonçant effectivement le suprématisme, ainsi d'ailleurs que le biologisme, il bâtit sa théorie des différences sur des critères strictement culturels.
Ce n'est pas nouveau. Julius Evola se définissait déjà en son temps [le fascisme italien, NDCdC] comme un "raciste spirituel". Ne jouons pas sur les mots : il est visible que l'héritage culturel indo-européen correspond à l'identité européenne, donc au monde blanc. Loin de combattre réellement le racisme, la Nouvelle Droite [à laquelle appartient le GRECE, NDCdC] s'entoure d'un prudent camouflage. Ce n'est pas le racisme qu'elle condamne, mais sa version suprématiste, impliquant la supériorité d'une race sur les autres. En lui opposant la jolie formule du "droit à la différence", revendication traditionnelle de toutes les minorités, elle parvient non seulement à banaliser le racisme, mais encore à l'insérer dans le discours de l'époque, et à le respectabiliser en lui donnant un fondement culturel." (éd. du Rocher, p.101).
Le procès d'intention, aussi peu argumenté ici que dans le reste du livre, est certes savoureux, mais c'est surtout l'évolution à laquelle on a pu assister depuis que ces lignes ont été écrites (1991) qui rend ridicule l'opposition manichéenne entre le "prudent camouflage" des racistes d'extrême droite et la "jolie formule" des gentilles minorités, et donne par contrecoup une résonnance nouvelle à la dernière phrase. Finalement, les communautarismes d'aujourd'hui, racismes spirituels banalisés, sont un hommage rendu à la pensée d'Alain de Benoist : le "droit à la différence" est devenu omniprésent. Il eût mieux valu voir le piège derrière une aussi jolie formule, et comprendre que le différentialisme, qu'il ne faut pas confondre avec la nécessaire prise en compte des traditions et des habitudes, n'est pas meilleur ou pire selon qu'il vienne d'épiciers-forcément-poujadistes, de pédales du Marais ou de zélateurs de l'excision : cela reste une idéologie pour soi, pas une utopie collective censée s'adresser à tous. A la limite, dans la version d'Alain de Benoist, du moins telle qu'on la devine à travers la présentation de C. Bourseiller, on a au moins l'impression d'une théorie globale.
Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose d'assez sinistre à saisir sur le vol, au détour d'un paragraphe écrit il y a une quinzaine d'années, le travail de la "lepénisation des esprits" à l'intérieur même de la bien-pensance de gauche. Ce qui a un autre nom, lui aussi sinistre : Sarkozy.
Libellés : Benoist, Bourseiller, Evola, Le Pen, Sarkozy
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