mercredi 15 juin 2005

La mondialisation n'existe pas.

Cela fait longtemps, en fait depuis l'apparition dans le langage courant de ce terme, que je pense que "mondialisation" ne veut pas dire grand-chose, que "capitalisme" est suffisant. Et commençant enfin à lire Marx via l'anthologie de K. Papaioannou, je tombe sur ces lignes, écrites en 1858 :

"La tendance à créer le marché mondial existe donc immédiatement dans la notion de capital. Toute limite lui apparaît comme un obstacle à surmonter. Il commencera par soumettre chaque élément de la production à l'échange et par abolir la production de valeurs d'usage immédiate n'entrant pas dans l'échange : il substitue donc la production capitaliste aux modes de production antérieurs qui, sous son angle de vue, ont un caractère naturel [bassement spontané]. Le commerce cesse d'être une fonction permettant d'échanger l'excédent entre les producteurs autonomes : il devient une présupposition et un élément fondamental embrassant toute la production." (Grundrisse, in Marx et les marxistes, Gallimard, "Tel", p.156).

S'il ne s'agissait que d''une querelle de mots, il suffirait de rendre hommage sur ce point à la clairvoyance de Marx. Mais cela signifie que la "mondialisation" n'est pas une déviation, une exagération regrettable du capitalisme : elle n'est que le nom de la progression du capitalisme dans l'espace comme dans les consciences et les comportements. Ce n'est donc pas quelque chose que l'on corrige, mais quelque chose que l'on doit changer. Le pouvoir, et pour quoi faire, sont d'autres histoires - auxquelles nous assisterons sans doute, tôt ou tard.

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