samedi 18 novembre 2006

"L'homme blanc a toujours une montre, mais il n'a jamais le temps."

Ce proverbe africain trouve, non pas une confirmation, mais une illustration inattendue, dans le livre de R. Moore (pp. 96 et 195) sur les persécutions médiévales évoqué dans la note précédente. Non seulement effectivement les léproseries, qui connurent un fort développement aux XIIè et XIIIè siècles - reflet d'une peur nouvelle de cette maladie dont il semble difficile d'affirmer qu'elle connut alors une fort développement -, furent l'un des premiers endroits où fut codifiée une discipline temporelle stricte (horaires de repas, de promenades...), ce qui alla de pair avec la rigidification de la discipline monacale à la même époque, mais il semblerait même, sans que l'on puisse être catégorique à ce sujet, que la première cloche - la première pointeuse -, destinée à réguler cette discipline, à appeler chacun à ses devoirs, à dire à chacun ce qu'il doit faire, que la première cloche installée en Europe le fut dans la léproserie d'Arras en 1241.

Prisonniers, et surtout esclaves salariés, de l'ouvrier "taylorisé" au cadre supérieur bobo : tous descendent du lépreux - de l'ostracisé vivant, je m'excuse, ou plutôt je ne m'excuse pas car c'est de cela qu'il s'agit, dans les camps de concentration de l'époque.


En guise de conclusion : "C'est précisément en déniant à l'ouvrier la simple satisfaction animale du "manger", du "dormir" que l'exploiteur en fit un droit, une idée, quelque chose d'humain, de social (Marx : dormir comme une bête dans une tanière est devenu social, puisqu'il faut pour cela que la bête humaine paye). Ainsi, le bourgeois insufflait-il à l'ouvrier son sordide utilitarisme." (Une enquête..., 1976, Editions anonymes, 1996, pp. 56-57.)

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