mercredi 19 avril 2017

Notre consigne de vote : baisez français !

Piquée chez J. Rochedy, rendons à César...


(Honni soit...) C'est en somme la leçon de ce texte de Chesterton, Sexe et propriété, dont voici les passages principaux :

"Dans le langage inerte, poussiéreux, roide et pesant auquel est limité le débat moderne, il est nécessaire de dire qu'il y a en ce moment la même falsification à la mode sur le sexe et sur la propriété. Dans un langage plus ancien et plus libre, dans lequel les hommes pouvaient parler et chanter, il est plus vrai de dire que le même esprit mauvais a fait exploser les deux grands pouvoirs qui faisaient la poésie de l'existence : l'amour de la femme et l'amour du pays. Il est important d'observer, pour commencer, que ces deux choses étaient étroitement liées aussi longtemps que l'humanité fut humaine, même quand elle était païenne. Voire qu'elles étaient étroitement liées même pendant le paganisme décadent. Mais même la puanteur du paganisme décadent n'a pas été aussi mauvaise que la puanteur de la chrétienté décadente. Décomposition du meilleur…

(Chesterton évoque les mythologies antiques du sexe, la prostitution sacrée, les cultes phalliques, et enchaîne :)

D'une certaine façon, tout ce péché ancien était infiniment supérieur, incommensurablement supérieur au péché moderne. Tous ceux qui l'observent s'accordent au moins sur un fait, que c'était le culte de la fertilité. C'était malheureusement trop souvent entrelacé, très étroitement, avec le culte de la fertilité de la terre. C'était du moins du côté de la Nature. C'était du moins du côté de la vie. Il est revenu aux tout derniers chrétiens, ou plutôt aux premiers chrétiens entièrement consacrés au blasphème et à la négation du christianisme, d'inventer une nouvelle forme d'adoration du sexe qui n'est pas même adoration de la vie. Il est revenu aux tout derniers modernistes de proclamer une religion érotique exaltant à la fois la lubricité et interdisant la fertilité. (…)

Il n'est que trop naturel que cette séparation contre-nature, entre sexe et fertilité, que même les païens eussent pensé une perversion, ait été suivie d'une séparation et perversion similaires quant à la nature de l'amour du pays. Dans les deux cas se cache exactement le même sophisme, qu'il est tout à fait possible d'énoncer avec précision. La raison pour laquelle nos compatriotes contemporains ne comprennent pas ce que nous entendons par propriété, c'est qu'ils n'y pensent qu'au sens d'argent, au sens de salaire, au sens de quelque chose d'immédiatement consommé, savouré et dépensé ; quelque chose qui donne un plaisir momentané et disparaît. Ils ne comprennent pas que par propriété nous entendons quelque chose qui inclut ce plaisir incidemment, mais commence et finit par quelque chose de bien plus noble, et précieux, et créatif. L'homme qui crée un verger là où il y avait un champ, possède le verger et décide à qui il sera légué, jouit aussi du goût des pommes ; et aussi, espérons-le, du goût du cidre. Mais il fait quelque chose de bien plus grand, et au bout du compte plus gratifiant que de juste manger une pomme. Il impose sa volonté sur le monde en vertu de la charte qui lui a été octroyée par la volonté de Dieu ; il affirme que son âme lui appartient, et non au service de contrôle des vergers, ni au principal cartel du commerce des pommes. Mais il fait encore quelque chose qui était implicite dans toutes les religions les plus anciennes de la Terre, dans tous ces vastes spectacles d'apparat rituel qui suivaient l'ordre des saisons en Chine ou à Babylone : il vénère la fertilité du monde. A présent l'idée de réduire la propriété à la seule jouissance de l'argent correspond exactement à l'idée de ramener l'amour au seul plaisir du sexe. Dans les deux cas un plaisir incident, isolé, servile et même dissimulé est substitué à la participation à un grand processus créatif… Et même à la Création perpétuelle du monde.

Ces deux éléments sinistres peuvent être vus côte à côte dans le système de la Russie bolchevique ; car le communisme est le seul modèle complet et fonctionnel du capitalisme."

Après cette sentence globale, qui rappelle une fois de plus que le libéralisme économique, social et sociétal n'empêche en rien l'oppression et le contrôle politiques, Chesterton évoque le membre de la société communiste, que l'on décourage d'épargner et que l'on encourage à considérer le sexe des seuls points de vue de l'hygiène corporelle et du plaisir immédiat, en des termes extrêmement proches du dressage actuel des populations : les pauvres peuvent s'acheter des télés ou des portables chers, qui les encouragent in fine à rester pauvres ; leur sexualité (celle de tout le monde d'ailleurs, les riches ne sont vraiment ici que « des pauvres qui ont de l'argent ») est instrumentalisée à des fins de conservation du système (le porno gratuit, c'est un peu la forme sexuelle du revenu universel, c'est une manière de lente autodestruction par la réduction de l'existence à la subsistance). - Et oui, cela a un rapport avec la diminution du patriotisme. Et Pierre Bergé, qui se fout de tout ça, les femmes, la famille, la France, allonge du pognon et soutient Macron… je m'arrête avant de risquer un procès.