Thomas Hennetier paraphrase le dernier livre de Régis Debray.
C'est dans Éléments :
"Quel chef d'État européen pourrait affirmer aujourd'hui, comme le général de Gaulle le faisait encore en 1965, que l'Europe est « la mère de la civilisation moderne », et l'Amérique « sa fille » ? En considérant comme Régis Debray qu'une civilisation est offensive, conquiert et convertit, alors qu'une culture est défensive, résiste et survit, force est de constater qu'il ne subsiste plus en effet aujourd'hui qu'une civilisation américaine, avec des variantes culturelles européennes.
Une inversion s'est produite au XXe siècle : alors qu'en 1919 Paul Valéry, s'il pressent la sénescence européenne, voit encore l'Amérique comme une projection de l'Europe ou une adolescente en voie d'émancipation, Samuel Huntington, en 1996 (Le choc des civilisations), réunit les deux continents sous un même leadership américain, et sous la même bannière civilisationnelle, l'Occident. Celui-ci joue parfaitement son rôle de mythe, qui est de « changer une histoire en nature et la contingence en évidence. » La périphérie est devenue le centre : « (…) Cela s'appelle une défaite »."
(La coupure sur la dernière phrase est de moi). La distinction civilisation / culture comme la brève synthèse de l'inversion des rôles au XXe siècle me semblent pertinentes. On rappellera que les Américains investissement énormément de temps, d'énergie - et parfois de talent - dans leur domination culturelle (j'emploie ce mot sans vouloir créer de confusion avec la distinction précédente), ce qui n'est pas franchement le cas de la France. On ajoutera que depuis quelques années la culture anglaise parvient à être régulièrement présente dans les productions audio-visuelles américaines et/ou occidentales : il se produit là comme un rapprochement des deux visages anglo-saxons de l'« Occident », rappelant le fameux avertissement de Churchill à de Gaulle - quand elle doit choisir entre l'Europe et le grand large (les États-Unis), l'Angleterre choisit toujours le grand large. En ces temps de Brexit et de subversion migratoire (Brexit notamment provoqué par des forces politiques économiquement libérales, ne l'oublions pas), ce rapprochement n'a rien d'innocent : l'Angleterre sait par quelles voies elle a le plus de chances de survivre et de s'exprimer. On ne peut que souhaiter que se produise maintenant un rapprochement entre pays latins, et que l'invasion dont ils sont victimes leur permette de redécouvrir leur cousinage ancien comme leurs solidarités de fait. Mais comme cela va devoir se faire contre leurs gouvernants propres - lesquels ont tout de même été élus, mal élus peut-être (comme Freud disait que les Allemands avaient été « mal baptisés »), mais élus, et donc un peu voulus par une partie des populations -, ce n'est pas gagné.
"Quel chef d'État européen pourrait affirmer aujourd'hui, comme le général de Gaulle le faisait encore en 1965, que l'Europe est « la mère de la civilisation moderne », et l'Amérique « sa fille » ? En considérant comme Régis Debray qu'une civilisation est offensive, conquiert et convertit, alors qu'une culture est défensive, résiste et survit, force est de constater qu'il ne subsiste plus en effet aujourd'hui qu'une civilisation américaine, avec des variantes culturelles européennes.
Une inversion s'est produite au XXe siècle : alors qu'en 1919 Paul Valéry, s'il pressent la sénescence européenne, voit encore l'Amérique comme une projection de l'Europe ou une adolescente en voie d'émancipation, Samuel Huntington, en 1996 (Le choc des civilisations), réunit les deux continents sous un même leadership américain, et sous la même bannière civilisationnelle, l'Occident. Celui-ci joue parfaitement son rôle de mythe, qui est de « changer une histoire en nature et la contingence en évidence. » La périphérie est devenue le centre : « (…) Cela s'appelle une défaite »."
(La coupure sur la dernière phrase est de moi). La distinction civilisation / culture comme la brève synthèse de l'inversion des rôles au XXe siècle me semblent pertinentes. On rappellera que les Américains investissement énormément de temps, d'énergie - et parfois de talent - dans leur domination culturelle (j'emploie ce mot sans vouloir créer de confusion avec la distinction précédente), ce qui n'est pas franchement le cas de la France. On ajoutera que depuis quelques années la culture anglaise parvient à être régulièrement présente dans les productions audio-visuelles américaines et/ou occidentales : il se produit là comme un rapprochement des deux visages anglo-saxons de l'« Occident », rappelant le fameux avertissement de Churchill à de Gaulle - quand elle doit choisir entre l'Europe et le grand large (les États-Unis), l'Angleterre choisit toujours le grand large. En ces temps de Brexit et de subversion migratoire (Brexit notamment provoqué par des forces politiques économiquement libérales, ne l'oublions pas), ce rapprochement n'a rien d'innocent : l'Angleterre sait par quelles voies elle a le plus de chances de survivre et de s'exprimer. On ne peut que souhaiter que se produise maintenant un rapprochement entre pays latins, et que l'invasion dont ils sont victimes leur permette de redécouvrir leur cousinage ancien comme leurs solidarités de fait. Mais comme cela va devoir se faire contre leurs gouvernants propres - lesquels ont tout de même été élus, mal élus peut-être (comme Freud disait que les Allemands avaient été « mal baptisés »), mais élus, et donc un peu voulus par une partie des populations -, ce n'est pas gagné.
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