"Voilà ce qui me scandalise."
"Les optimistes sont redoutables ; ils entreprennent des guerres qui ne finissent pas ou s'achèvent par des victoires désastreuses ; ils prônent de gigantesques oeuvres de bienfaisance qui ruinent tout le monde ; ils ont un langage fier. Les pessimistes ne peuvent jamais dire ce qu'ils pensent : ils feraient moins de mal, mais ils sont tristes ; c'est leur seul défaut. Je recommande un pessimisme gaillard, plein d'allant. Le principal est de voir au bon moment ce qui est possible et ce qui ne l'est pas."
"La politique intéresse toujours les écrivains. Pourquoi écrire un volume sur des matières si volatiles ? L'histoire fera bouillir ces choses dans sa marmite de sorcière, et ce qui en ressortira n'aura point de ressemblance avec l'objet de nos soucis. Nos opinions signifient que nous sommes faits ainsi ; voilà tout.
Quant à l'opinion littéraire, elle dépend de vingt personnes à Paris.
En général, les critiques n'ont pas le goût plus mauvais que le premier venu ; ils sont gênés par leurs préjugés politiques. On m'a montré la lettre d'un critique qui ose dire (…) qu'il ne parle jamais de X., parce que X. a écrit un ouvrage politique (lequel ouvrage est fort connu) qui lui a déplu.
Ainsi un homme qui a des lettres, puisqu'il est critique, attache de l'importance à sa propre opinion politique et à celle des autres ; voilà ce qui me scandalise. On a vu jadis les Français du Nord et les Français du Sud s'entr'égorger pendant quatre siècles autour d'Albi et Toulouse et l'on n'a pas décidé encore lesquels servaient la bonne cause. Je regarde mes propres opinions et celles des autres comme des enfantillages ; c'est à quoi m'ont conduit mes études. Présentement les opinions politiques du Français sont les opinions d'une femme nerveuse ; les idées d'une femme nerveuse, je sais d'où elles viennent. Je n'aime pas ça."
Jacques Chardonne.
"La politique intéresse toujours les écrivains. Pourquoi écrire un volume sur des matières si volatiles ? L'histoire fera bouillir ces choses dans sa marmite de sorcière, et ce qui en ressortira n'aura point de ressemblance avec l'objet de nos soucis. Nos opinions signifient que nous sommes faits ainsi ; voilà tout.
Quant à l'opinion littéraire, elle dépend de vingt personnes à Paris.
En général, les critiques n'ont pas le goût plus mauvais que le premier venu ; ils sont gênés par leurs préjugés politiques. On m'a montré la lettre d'un critique qui ose dire (…) qu'il ne parle jamais de X., parce que X. a écrit un ouvrage politique (lequel ouvrage est fort connu) qui lui a déplu.
Ainsi un homme qui a des lettres, puisqu'il est critique, attache de l'importance à sa propre opinion politique et à celle des autres ; voilà ce qui me scandalise. On a vu jadis les Français du Nord et les Français du Sud s'entr'égorger pendant quatre siècles autour d'Albi et Toulouse et l'on n'a pas décidé encore lesquels servaient la bonne cause. Je regarde mes propres opinions et celles des autres comme des enfantillages ; c'est à quoi m'ont conduit mes études. Présentement les opinions politiques du Français sont les opinions d'une femme nerveuse ; les idées d'une femme nerveuse, je sais d'où elles viennent. Je n'aime pas ça."
Jacques Chardonne.
<< Home