Je n'ai pas vu l'amitié franco-allemande.
"Nous mesurons trop ici ce qui nous a séparés pour sous-estimer ce qui, aujourd'hui, nous unit. Au moment où l'Europe doute d'elle-même, au moment où certains de ses peuples expriment leur peur de l'avenir en remettant leur sort entre les mains de dirigeants qui se nourrissent de l'angoisse, la concorde franco-allemande ne doit pas apparaître comme la confiscation de l'idéal européen ; la concorde franco-allemande est au contraire l'exemple le plus éclatant de ce que peut réaliser notre volonté de paix. A un implacable désir de revanche, nous avons substitué au fil du temps une coopération politique, économique, diplomatique scientifique, éducative, une amitié véritable."
Extrait du discours de notre Président le 11 novembre dernier. Il y a là deux erreurs :
- pendant la période 1860-1970 (disons), c’est-à-dire de la montée de l’unité de l’Allemagne autour de la Prusse à la fin d’une forme de fascination intellectuelle des Français pour l’Allemagne, pendant cette période où il y eut trois guerres entre les deux pays, Français et Allemands se connaissaient bien mieux et, par delà des sentiments agressifs les uns envers les autres, s’estimaient beaucoup plus que ce n’est désormais le cas. Aujourd’hui, c’est l’indifférence qui prime, on va à Paris parce que c’est beau, à Berlin parce que c’est mieux pour faire la fête, et c’est tout. Le Président Macron n’a pas vu la culture française, mais il voit une « amitié véritable » qui n’existe pas ;
- et qui existe d’autant moins que, depuis la réunification de l’Allemagne appuyée par le grand génie Mitterrand, et la création de l’Euro, sous les auspices du même ci-devant génie, la lutte entre les pays a repris - et nous ne sommes certes pas en train de la gagner. Simplement, il en est ici comme d'autres graves phénomènes en cours (Phénomène : ce qui apparaît, ce qui se manifeste aux sens ou à la conscience, et qui peut devenir l'objet d'un savoir) : c’est celui qui parle de guerre, d’invasion ou de colonisation, qui est accusé de vouloir la guerre, alors qu’il ne fait qu’appeler un chat un chat, et se rappeler que les mots sont censés nommer les choses plutôt que de les cacher. Il n’y a pas tant de « coopération politique, économique, diplomatique scientifique, éducative » qu’une grande Allemagne trop grande pour l’Europe - surtout sans Autriche-Hongrie, rayée de la carte sous les auspices du grand génie Clemenceau après 1918, mais qui heureusement se manifeste de nouveau sous d’autres formes depuis quelque temps… -, et qui avale et vampirise une bonne partie du continent.
Ceci avec l’aval de nos dirigeants. Il m’est arrivé de les qualifier de traitres, je ne suis ni le premier ni le dernier à le penser. Au réveil (trop matinal ce lundi, voilà ce qui arrive quand se couche tôt), je me dis que ces gens-là ont en tout cas une faculté redoutable à accorder leur lâcheté avec leurs quelques rares prises de décision. Monnerot parle de la politique de l’autruche comme la résolution des irrésolus, il s’agit ces derniers temps d’une politique du pire dont les auteurs essaient de se donner de l’importance à leurs propres yeux, d’une part en la déclarant souhaitable, d’autre part en s’efforçant de la rendre irréversible. On essaie de cacher sa propre médiocrité en participant activement à rendre effectivement inéluctable des processus déjà lourds et dangereux en eux-mêmes - mais qui, s’ils ne viennent pas de nulle part, ne sont en rien une fatalité. Ceci au lieu de jouer le vrai rôle d'un homme d'État, à savoir s'opposer de façon intelligente auxdits processus. Un peu de discours à la con comme celui que j'ai cité pour commencer par-dessus, et l'homme politique peut se regarder dans le miroir le matin. - L’Histoire jugera, comme on dit, mais ce sont nous et nos enfants qui vont payer les pots cassés de toutes ces supposées « amitiés véritables » avec les Allemands, les Arabes musulmans, les migrants, j’en passe et des meilleurs.
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