"Vivre sans temps mort. Jouir sans entraves."
J'avais un peu oublié la première partie de ce slogan, je repensais ces jours-ci à la seconde. Je ne parle pas de la consommation et de la société du même nom : de même que, comme le disait Jean-Marie Straub, Dieu le bénisse, le porno n'a jamais satisfait personne, je ne suis pas sûr que la société de consommation ait jamais fait jouir quiconque. Je parle, donc, d'érotisme et de plaisir sexuel, et me demande comment il est possible de jouir sans entraves. Avec sa copine régulière ou son épouse légitime, oui, c'est possible, mais sinon, sans entraves, c'est-à-dire sans obstacle, sans difficulté, sans parcours du combattant de la séduction, je ne vois pas comment on peut prendre du plaisir. Les récits érotiques le savent bien, qui multiplient les obstacles, les murs métaphoriques : la belle doit se mériter. Les hasards de mes lectures m'ont fait tomber hier, alors que je réfléchissais à tout ça, sur une phrase de Karl Kraus, "Le plaisir érotique est une course d'obstacles", il m'a été difficile de ne pas y voir une confirmation de mes divagations personnelles.
D'où il ressort deux amusants paradoxes : d'une part c'est me semble-t-il au sein du couple légitime que l'on peut le plus, dans la pratique, jouir sans entraves ; d'autre part, les contempteurs de la société de consommation, les critiques de cette supposée jouissance, me paraissent, en admettant l'existence de ladite jouissance, avouer ne pas connaître grand chose au plaisir. - Tout ceci écrit bien sûr en toute humilité, vous le savez bien.
D'où il ressort deux amusants paradoxes : d'une part c'est me semble-t-il au sein du couple légitime que l'on peut le plus, dans la pratique, jouir sans entraves ; d'autre part, les contempteurs de la société de consommation, les critiques de cette supposée jouissance, me paraissent, en admettant l'existence de ladite jouissance, avouer ne pas connaître grand chose au plaisir. - Tout ceci écrit bien sûr en toute humilité, vous le savez bien.
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