Nous serons bientôt tous des Juifs errants.
Rentrant hier soir 24 décembre en métro avec ma famille d’un sympathique et excellent mais lourd dîner, les organes imbibés d’alcool et de bonne graisse, contemplant cette ambiance encore plus délétère que d’habitude, ce désastre qu’est la juxtaposition de Français encore aisés, parfois gras (pas moi !), les sacs garnis de cadeaux dont l’accumulation n’évoque que de très loin la charité chrétienne, d’immigrés plus ou moins récents qui de tout cela n’ont rien à faire - sauf qu’une partie devait rentrer de restaurants où ils travaillent et où ils avaient aidé les Français, lesquels ne s'abaissent plus à ce genre de boulots, à s’empiffrer et à se boucher les artères -, et de mendiants plus agressifs encore que d’habitude, je repensais à l’idée qui m’était venue spontanément l’après-midi d’utiliser comme citation de Noël le fameux choeur des Hébreux dans Nabucco (Verdi), la plainte de ceux qui sont sous férule étrangère et qui rêvent à leur patrie perdu et dominée.
L’appliquer aux Français de 2017 n’est certes pas sans fondement, mais tout de même un peu culotté, surtout lorsqu’on est soi-même en train de s’habiller pour aller chez sa mère se gorger de Pouilly-Fussé et de chapon farci. C’est finalement en me disant que la situation actuelle est, en tout cas en ce moment, mauvaise - à des degrés divers - pour tout le monde, que j'ai réalisé qu’en élargissant le propos aux différentes catégories de population que j’avais sous les yeux - les campements de clodos que sont certaines stations de métro les soirs d’hiver, et qui doivent réjouir les employés de la RATP (des Africains pour la plupart) le matin quand ils ont à faire disparaître les traces corporelles laissées là la nuit par ces sans domicile fixe, inclus -, mon idée de départ y gagnerait en pertinence.
Ironie quelque peu soralienne, les Hébreux ont, depuis l’époque de Verdi, retrouvé leur patrie, d’où certains d’entre eux ne manquent pas d’aider à mettre le bordel dans la nôtre. Ironie encore, le rôle des Américains dans l’histoire, leur maudit penchant à jouer les apprentis sorciers, qui fait qu’ils ne peuvent s’empêcher d’affaiblir une Europe avec qui ils pourraient jouer un jeu « gagnant - gagnant », comme disait F.-X. Verschave dans le temps, une Europe qui va être bien obligée d’emprunter à l’Amérique en question une part de ses indéniables qualités (pragmatisme, capacité d’agir dans un certain sens une fois qu’on l’a décidé) si elle veut survivre. C’est triste à dire, mais nous devons copier à certains égards ces occupants objectifs que sont Israël et les États-Unis si nous voulons échapper à la domination qu’ils exercent sur nous (sur le parallèle entre la France et Israël, je rappelle en avoir souligné les évidentes limites il y a un mois : http://cafeducommerce.blogspot.fr/2017/11/ach-rioufol_10.html).
Ceci étant, et après je m’arrête, vous avez des cadeaux à déballer et des jouets à monter pour vos gosses, il y a Israël (le sionisme), il y a les Juifs, et il y a le capitalisme déstructurant, qui n’est faut-il le préciser pas que juif, et qu’un Juif un rien antisémite comme Marx dénonçait avec vigueur à peu près à l’époque où Verdi composait Va pensiero. Je me permets ici de renvoyer à ce vieux texte sur les Mercuriens et les Apolloniens (http://cafeducommerce.blogspot.fr/2009/09/election-piege-c-ii.html), qui m’est revenu à l’esprit mercredi dernier (20 décembre) lorsque je vous parlais de la place des marchands dans la société. Je ne l’ai pas relu dans le détail, je ne sais pas si je serai aujourd’hui d’accord avec tout, mais la thèse d’ensemble de l’auteur me semble éclairante.
J’y ajoute pour finir cette citation de Julien Freund, que j’ai découverte hier et que j’ai peur d’oublier :
"Dans la mesure où la patrie cesse d’être une réalité vivante, la société se délabre non pas comme le croient les uns au profit de la liberté de l’individu ni non plus comme le croient d’autres à celui de l’humanité ; une collectivité politique qui n’est plus une patrie pour ses membres cesse d’être défendue pour tomber plus ou moins rapidement sous la dépendance d’une autre unité politique.
Là où il n’y a pas de patrie, les mercenaires ou l’étranger deviennent les maîtres. Sans doute devons-nous notre patrie au hasard de la naissance, mais il s’agit d’un hasard qui nous délivre d’autres."
Les mercenaires : la racaille d’en bas et les immigrés économiques ; l’étranger : l’UE, les États-Unis, les lobbys pro-Israël, etc. J’aime bien, et c’est aussi pour cela que je vous cite aujourd’hui cette phrase, n’ayant pas envie de passer pour plus nationaliste que je ne le suis au fond, ce passage modeste :
"Sans doute devons-nous notre patrie au hasard de la naissance, mais il s’agit d’un hasard qui nous délivre d’autres."
Bref : bonne musique et joyeux Noël !
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