dimanche 17 mars 2019

Le négationnisme, c’est maintenant.

J’ironisais mercredi dernier sur l’emploi du mot « supposé » dans un entretien avec un historien-flic, je le retrouve au début de cet article consacré à Renaud Camus (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/03/15/la-theorie-du-grand-remplacement-de-l-ecrivain-renaud-camus-aux-attentats-en-nouvelle-zelande_5436843_4355770.html). Je ne l’ai pas encore lu en entier (Les mains sales et La nausée, comme disait Desproges dans un autre contexte), mais le début est déjà un chef-d’oeuvre de perversité et, restons sartriens, de mauvaise foi. Et comme de juste, on y trouve du « supposé » à toutes les sauces : 


"L’écrivain d’extrême droite Renaud Camus n’est pas homme à se morfondre dans la mauvaise conscience. Peu lui importe que, pour justifier son attentat sanglant, l’un des terroristes qui ont fait au moins 49 morts dans une double attaque contre des mosquées en Nouvelle-Zélande se soit réclamé du concept de « grand remplacement » qu’il a forgé. Sur Twitter, M. Camus se contente de rappeler qu’il condamne la violence, et estime n’avoir aucune responsabilité dans le passage à l’acte de Brenton Tarrant.

« Le grand remplacement » est pourtant inscrit en grandes lettres sur la première page du manifeste publié en ligne par l’Australien de 28 ans, juste avant d’entrer dans des mosquées pour y ouvrir le feu sur les personnes présentes. Tout au long des 74 pages de ce texte décousu, Brenton Tarrant se désole d’une supposée invasion du monde occidental par les « non-Européens ».

Il affirme que le désespoir de voir Emmanuel Macron – un « internationaliste, globaliste, anti-Blanc », supposément favorable à une immigration « massive » – battre en 2017 la « quasi nationaliste » Marine Le Pen a été, dit-il, l’un des éléments déclencheurs de sa folie meurtrière. De même que la vision, lors d’un séjour en France, d’un pays où « les envahisseurs sont partout » l’aurait convaincu de la nécessité de passer à l’acte.

Un discours qui colle parfaitement, si l’on met de côté la violence, avec la théorie du « grand remplacement » mise au point il y a une dizaine d’années par Renaud Camus, qui a depuis essaimé dans le débat politique français et au-delà de nos frontières."

J’adore ce "Si l’on met de côté la violence…" Si l’on met de côté les seins et le vagin (entre autres), une femme est un homme, après tout ! Cela me rappelle un superbe texte de Jean Madiran, que je vous ai déjà cité ici, où il ironisait sur un article du Monde aussi je crois, dans lequel les adversaires politiques que furent Maritain et Maurras étaient assimilés l’un à l’autre (et à l’extrême-droite), "avec toutes les différences que l’on voudra"… Une fois que l’on est pareil, on peut être différent, tout est dans tout et réciproquement. 

Ceci étant, si une tuerie de masse telle que celle de Christchurch est bien de la dernière débilité à tous les niveaux, il ne serait pas inopportun tout de même de réfléchir à cette place accordée par son auteur à la France actuelle comme moteur de son action. Mais s’il fallait attendre des examens de conscience de la part de ceux qui nous foutent dans la merde, cela se saurait - et ils ne nous mettraient justement pas autant dans la merde. 


Bref : bon dimanche !