vendredi 14 juin 2019

"Il y aura cependant génocide..."

J’avais prévu de belles pages de Massignon sur le thème du pèlerinage, dans la continuité de notre émérite voyageur irlandais d’hier, je tombe sur ces lignes, en ouvrant au hasard le mythique Camp des Saints de Jean Raspail, 1973 (devant la gravité de l’invasion migratoire en Europe, le président veut trancher dans le vif et faire tuer par l’armée un grand nombre de migrants, comme on ne disait pas encore ; le général en chef (ou un conseiller) lui explique que ce n’est pas possible) : 

"Volontaire ou non, de métier ou pas, [l’armée] se fait horreur à elle-même. Pour un nouveau génocide, ne comptez pas sur l’armée, monsieur le Président.

 - Sur qui, alors ? 

 - Sur personne, monsieur le Président. La partie est perdue. 

 - Il y aura cependant génocide, d’une autre façon, et c’est nous qui disparaîtrons. 

 - Je le sais, monsieur le Président. Mais c’est une conviction que vous ne pourrez communiquer à personne, car personne n’est plus en état de la recevoir. Nous mourrons lentement, rongés de l’intérieur par des millions de microbes introduits dans notre corps. Cela durera longtemps. Sans souffrance apparente. Il n’y aura pas de sang versé, là réside toute la différence. Mais il paraît qu’aux yeux des homuncules occidentaux, c’est devenue une question de morale et de dignité. Allez donc expliquer au peuple, à l’armée, sans compter l’opinion mondiale et la conscience universelle, qu’il faut, le jour de Pâques, ou tout au moins le lundi, massacrer un million d’immigrants à peau noire si nous ne voulons pas mourir à notre tour, mais plus tard, beaucoup plus tard…" 


"Il n’y aura pas de sang versé, là réside toute la différence." : sans préjudice du reste du roman - je n’ai lu que cette page -, c’est le seul point faible de ce passage, Jean Raspail n’aurait donc pas prévu l’avènement de la racaille, les ratonnades si régulières et répétées depuis des années contre les vieux blancs, hommes et femmes, et les agressions des petites blanches… Pour le reste, quel diagnostic ! Préférer, au nom de la morale et de la dignité, se suicider lentement que de, sinon tuer, en tout cas affronter des problèmes avec la fermeté physique parfois nécessaire pour espérer les résoudre, c’est effectivement un mal qui n’a pas fini depuis 1973 de nous ronger. Le pire étant bien sûr que tout cela risque de déboucher sur de bien plus grandes violences que celles que des politiciens pragmatiques auraient pu accepter et assumer de provoquer, au début.


(Et, encore une fois : le pire n’est jamais sûr !)