lundi 27 mai 2019

Claudel, c'est bon pour le moral.

Dans L’annonce faite à Marie, texte dense et peu humoristique, Jacques Hury représente, pour faire vite, le gars fiable, terrien, qui malgré sa franchise, son sérieux, sa probité, bute le plus souvent devant le surnaturel et ses pièges (ses paradoxes, si l'on veut faire un clin d'oeil à Chesterton), qu’admettent la plupart des autres personnages de la pièce. Ce qui fait que Claudel s’autorise, aux dépens de ce personnage, quelques mises au point prosaïques assez amusantes, comme celle que lui envoie Violaine - personnage à la fois christique et marial, rien de moins -, alors même qu’elle est amoureuse de lui et qu’elle va bientôt mourir dans ses bras (au sens figuré, elle refuse d’être touchée par lui, pour des raisons que vous connaîtrez en lisant cette belle pièce) : 

"Jacques Hury : Le bonheur est fini pour moi.

Violaine : Il est fini, qu’est-ce que ça fait ? on ne t’a point promis le bonheur. Travaille, c’est tout ce qu’on te demande."


Il n’y a aucun droit au bonheur - et c'est une bonne nouvelle.