Guerre civile. (Ajout le 19.01.06).
A la boulangerie du coin, ce matin. Et à deux cent mètres environ de voitures brûlées cette nuit.
"La blonde" :
- Mais c'est sur Sarkozy qu'il faut taper ! Ces jeunes ne comprennent rien.
"La femme arabe", et voilée, à la boulangère, elle-même voilée :
- Moi je vais vous dire madame. Il faut respecter tout le monde, tout le monde est égaux. Les Juifs, les Arabes, les Français, les Américains...
AMG :
- Les Américains, tout de même, madame...
"La femme arabe" :
- Mais c'est leur président, Bush, le salaud...
AMG :
- Ah, ils l'ont élu, ils l'ont voulu.
"La femme arabe" :
- C'est Bush et Sarkozy qu'il faut arroser d'essence, après ça sera plus simple Monsieur.
La boulangère :
- Qu'est-ce que je vous sers, Monsieur ?
AMG, tout sourire au deux femmes :
- Un pain aux raisins, Madame.
On aimerait que cet épisode soit représentatif. Je vous le livre tel quel (sans le pain aux raisins, délicieux).
Une citation ? Une citation, d'accord. Je la dédie à mon ami Philippe N. Appelons ce texte L'Epître aux Sunnites.
"Que la paix et que la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient avec vous.
Même si nous sommes éloignés par le corps, la distance est mince qui sépare nos cœurs. (...)
Voici, pour ce que ma vision limitée me permet d'en voir, comment se présente la situation actuelle. Je demande à Dieu de me pardonner mon babillage et mes écarts. Je dis, après avoir sollicité l'aide de Dieu, que les Américains (...) sont entrés en Irak sur la base d'un contrat en vue de créer l'Etat du Grand Israël, du Nil jusqu'à l'Euphrate, et que cette Administration Américaine Sionisée pense qu'en hâtant la création de l'Etat d[u Grand] Israël elle hâtera l'arrivée du Messie. Elle est venue en Irak avec tous ses hommes et toute sa fierté pleine de morgue envers Dieu et son Prophète. (...)
Le combat que nous livrons aux Américains est chose facile. L'ennemi est apparent, il est à découvert et ne connaît pas le terrain ou la situation actuelle des moudjahidin, car ses sources de renseignements sont faibles. Nous tenons pour certain que les forces armées de ces Croisés disparaîtront prochainement. Lorsque l'on examine la situation actuelle, on peut remarquer combien l'ennemi s'est empressé de mettre en place l'armée et la police [locales] qui ont commencé à remplir les missions qui leur ont été assignées. C'est cet ennemi-là, composé de Chiites auxquels se sont adjoints des agents sunnites, qui constitue le véritable danger auquel nous sommes confrontés, car il est [composé de] nos concitoyens, qui nous connaissent mieux que personne. (...) Ils ont commencé par tuer de nombreux frères moudjahidin, puis ils se sont mis à liquider les scientifiques, les penseurs, les docteurs, les ingénieurs et d'autres encore. Dieu seul sait ce qui adviendra, mais je crois pour ma part que le pire ne sera pas derrière nous tant que l'armée américaine campera sur ses positions arrières et que l'armée secrète chiite et ses brigades militaires continueront de combattre à ses côtés. Ils s'infiltrent comme des serpents pour prendre le contrôle de l'armée et des forces de police, qui constituent l'arme principale et la main de fer de notre Tiers Monde, et pour s'accaparer toutes les structures économiques comme leurs tuteurs, les Juifs. (...)
Ici, hélas, le djihad [se traduit par] les champs de mines, les tirs de roquettes et les éclats de mortiers qui résonnent au loin. Les frères irakiens privilégient encore leur sécurité et préfèrent retourner dans les bras de leurs femmes, à l'abri de toutes les craintes. Les membres de ces groupes se vantent parfois de ce qu'aucun des leurs n'a été tué ou fait prisonnier. Nous leur avons dit, lors de nos nombreuses rencontres, que la sécurité et la victoire sont incompatibles, que l'arbre du triomphe et de l'accès au pouvoir ne saurait atteindre à sa pleine majesté sans puiser dans le sang ni braver la mort, que la nation [islamique] ne peut vivre sans goûter au martyre ni humer le parfum du sang versé au nom de Dieu, et que le peuple ne sortira pas de sa torpeur tant que le souci du sacrifice et le récit des martyrs ne les occuperont pas jour et nuit. La question requiert plus de patience et de conviction. Nous avons grand espoir en Dieu. (...)
Le peuple doit se garder de s'abreuver du miel et des plaisirs qui lui étaient jusqu'alors inaccessibles, car les hommes risqueraient alors de céder à la faiblesse, préférer la sécurité de leurs foyers et rester sourds au fracas des épées et au hennissement des chevaux. (...)
Que la paix et que la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient avec vous."
Ahmad Fadil Nazzal Al-Khalayleh, dit Abou Moussab Al-Zarkaoui, 2003 (?).
Ce soir : coq au vin !
(Ajout le 19.01.06). J'ai lu à deux reprises depuis, dont une dans le Monde diplomatique, que le texte de M. Zarkaoui brièvement cité ici, était sans doute - le fait n'est pas prouvé - un apocryphe rédigé par la CIA ou apparenté. Il se peut - les écrits de M. Zarkaoui sont moins fréquents que ses actes ne sont frappants, il est donc difficile de faire une comparaison stylistique, a fortiori quand on ne connaît pas l'arabe. Mais si ce fait était avéré, cette question au moins se poserait : des services capables de rédiger un texte décrivant aussi bien l'état d'esprit d'un résistant n'auraient-ils pu avertir les décideurs de l'agression américaine en Irak de ce qui pouvait les attendre ?
"La blonde" :
- Mais c'est sur Sarkozy qu'il faut taper ! Ces jeunes ne comprennent rien.
"La femme arabe", et voilée, à la boulangère, elle-même voilée :
- Moi je vais vous dire madame. Il faut respecter tout le monde, tout le monde est égaux. Les Juifs, les Arabes, les Français, les Américains...
AMG :
- Les Américains, tout de même, madame...
"La femme arabe" :
- Mais c'est leur président, Bush, le salaud...
AMG :
- Ah, ils l'ont élu, ils l'ont voulu.
"La femme arabe" :
- C'est Bush et Sarkozy qu'il faut arroser d'essence, après ça sera plus simple Monsieur.
La boulangère :
- Qu'est-ce que je vous sers, Monsieur ?
AMG, tout sourire au deux femmes :
- Un pain aux raisins, Madame.
On aimerait que cet épisode soit représentatif. Je vous le livre tel quel (sans le pain aux raisins, délicieux).
Une citation ? Une citation, d'accord. Je la dédie à mon ami Philippe N. Appelons ce texte L'Epître aux Sunnites.
"Que la paix et que la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient avec vous.
Même si nous sommes éloignés par le corps, la distance est mince qui sépare nos cœurs. (...)
Voici, pour ce que ma vision limitée me permet d'en voir, comment se présente la situation actuelle. Je demande à Dieu de me pardonner mon babillage et mes écarts. Je dis, après avoir sollicité l'aide de Dieu, que les Américains (...) sont entrés en Irak sur la base d'un contrat en vue de créer l'Etat du Grand Israël, du Nil jusqu'à l'Euphrate, et que cette Administration Américaine Sionisée pense qu'en hâtant la création de l'Etat d[u Grand] Israël elle hâtera l'arrivée du Messie. Elle est venue en Irak avec tous ses hommes et toute sa fierté pleine de morgue envers Dieu et son Prophète. (...)
Le combat que nous livrons aux Américains est chose facile. L'ennemi est apparent, il est à découvert et ne connaît pas le terrain ou la situation actuelle des moudjahidin, car ses sources de renseignements sont faibles. Nous tenons pour certain que les forces armées de ces Croisés disparaîtront prochainement. Lorsque l'on examine la situation actuelle, on peut remarquer combien l'ennemi s'est empressé de mettre en place l'armée et la police [locales] qui ont commencé à remplir les missions qui leur ont été assignées. C'est cet ennemi-là, composé de Chiites auxquels se sont adjoints des agents sunnites, qui constitue le véritable danger auquel nous sommes confrontés, car il est [composé de] nos concitoyens, qui nous connaissent mieux que personne. (...) Ils ont commencé par tuer de nombreux frères moudjahidin, puis ils se sont mis à liquider les scientifiques, les penseurs, les docteurs, les ingénieurs et d'autres encore. Dieu seul sait ce qui adviendra, mais je crois pour ma part que le pire ne sera pas derrière nous tant que l'armée américaine campera sur ses positions arrières et que l'armée secrète chiite et ses brigades militaires continueront de combattre à ses côtés. Ils s'infiltrent comme des serpents pour prendre le contrôle de l'armée et des forces de police, qui constituent l'arme principale et la main de fer de notre Tiers Monde, et pour s'accaparer toutes les structures économiques comme leurs tuteurs, les Juifs. (...)
Ici, hélas, le djihad [se traduit par] les champs de mines, les tirs de roquettes et les éclats de mortiers qui résonnent au loin. Les frères irakiens privilégient encore leur sécurité et préfèrent retourner dans les bras de leurs femmes, à l'abri de toutes les craintes. Les membres de ces groupes se vantent parfois de ce qu'aucun des leurs n'a été tué ou fait prisonnier. Nous leur avons dit, lors de nos nombreuses rencontres, que la sécurité et la victoire sont incompatibles, que l'arbre du triomphe et de l'accès au pouvoir ne saurait atteindre à sa pleine majesté sans puiser dans le sang ni braver la mort, que la nation [islamique] ne peut vivre sans goûter au martyre ni humer le parfum du sang versé au nom de Dieu, et que le peuple ne sortira pas de sa torpeur tant que le souci du sacrifice et le récit des martyrs ne les occuperont pas jour et nuit. La question requiert plus de patience et de conviction. Nous avons grand espoir en Dieu. (...)
Le peuple doit se garder de s'abreuver du miel et des plaisirs qui lui étaient jusqu'alors inaccessibles, car les hommes risqueraient alors de céder à la faiblesse, préférer la sécurité de leurs foyers et rester sourds au fracas des épées et au hennissement des chevaux. (...)
Que la paix et que la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient avec vous."
Ahmad Fadil Nazzal Al-Khalayleh, dit Abou Moussab Al-Zarkaoui, 2003 (?).
Ce soir : coq au vin !
(Ajout le 19.01.06). J'ai lu à deux reprises depuis, dont une dans le Monde diplomatique, que le texte de M. Zarkaoui brièvement cité ici, était sans doute - le fait n'est pas prouvé - un apocryphe rédigé par la CIA ou apparenté. Il se peut - les écrits de M. Zarkaoui sont moins fréquents que ses actes ne sont frappants, il est donc difficile de faire une comparaison stylistique, a fortiori quand on ne connaît pas l'arabe. Mais si ce fait était avéré, cette question au moins se poserait : des services capables de rédiger un texte décrivant aussi bien l'état d'esprit d'un résistant n'auraient-ils pu avertir les décideurs de l'agression américaine en Irak de ce qui pouvait les attendre ?
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