lundi 5 février 2007

(L')économie pour les fainéants.

Ces brèves citations auraient pu être intégrées à la série en cours de "fragments..." - mais même si l'un des principes qui sous-tendent l'élaboration de ceux-ci pourrait être la tautologie "tout est dans tout et réciproquement", on ne cherche pas à y aborder tous les sujets. Simplement, ces quelques lignes de François Fourquet, publiées en 1997 in La revue du MAUSS me semblent une bonne introduction au vaste sujet de la négation de l'économie.

"Mon but est de suggérer que l'économie et le capitalisme n'existent pas. En tout cas, pas comme une partie de la réalité sociale existant en soi et pourvue d'une sorte d'autonomie, de capacité d'autodétermination, obéissant à des lois de fonctionnement et de développement propres. Il existe certes des institutions, des groupes, des flux qui font l'objet d'un ensemble disparate et souvent conflictuel de politiques économiques. La résultante de ces politiques est un ensemble nouveau, irréductible, imprévisible, même par les Etats majeurs de la planète : l'économie mondiale. (...)

L'enjeu épistémologique, mais aussi pratique, est simple : seul existe le tout ; et le tout est immédiatement planétaire. Mais il est aussi multiple et polyvalent. Les activités, institutions ou flux qu'on sélectionne, qu'on rassemble et qu'on fait entrer de force dans un récipient verbal appelé "économie" n'ont aucune sorte d'intelligibilité propre en dehors de leur relation au tout, puisqu'il n'existent pas de manière séparée."

"Les institutions économiques, certes, les entreprises par exemple, sont des quasi-sujets qui disposent d'une relative capacité de décision. Rien n'est mécanique du moment que la subjectivité humaine est en cause. Mais de l'autonomie relative des groupes et institutions, on ne peut nullement inférer l'existence d'un ordre économique autonome et articulé avec les autres ordres."

""Capitalisme" est le nom donné à l'immense mouvement d'unification des civilisations accéléré depuis la fin du Moyen Age. La "mondialisation" qui se déroule sous nos yeux est l'accélération d'une accélération."



En complément : à propos de la notion de sincérité, évoquée ici récemment, je tombe sur cet échange dans les Conversations avec Ludwig Wittgenstein (M. Drury, [1981], PUF, 2002, p. 147), en date de 1936 :

"Wittgenstein : - Pensez seulement à ce que signifie pour le gouvernement d'un pays de se trouver entre les mains d'une troupe de gangsters. Les âges sombres sont de retour. Je ne serais pas étonné, Drury, si nous devions vivre assez, vous et moi, pour assister à des choses aussi horribles que de voir des gens brûlés vifs comme des sorcières.

Drury : - Croyez-vous que Hitler soit sincère dans ce qu'il dit dans ses discours ?

Wittgenstein : - Un danseur de ballet est-il sincère ?"

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