samedi 4 août 2007

"Une Europe allemande, un nouveau Reich germano-américain..."

JJ_Lunettes_Short


Dominique de Roux a fait paraître chez Balland en 1970 un livre introuvable, Contre Servan-Schreiber. Le seul extrait que j'en connaisse donne l'eau à la bouche :

"Les dimensions de l'entreprise néo-radicaliste, avec ses ambitions, ses rouages, ses tentacules européens, son arsenal financier, cette volonté de vampiriser les masses s'apparente beaucoup à une tentative de pouvoir totalitaire, utilisant les voies démocratiques de la légalité plutôt que de la confrontation authentiquement démocratique des intérêts, des positions diverses à l'intérieure de la vie française d'aujourd'hui... Autrement dit, noyauté, sur ordre de Servan-Schreiber, le Parti radical et son cheptel bien pensant (...), la honte abjecte d'une classe qui a tout trahi, tout déserté, tout vendu, se prépare à l'assujettissement irrévocable de la France, réduite à ne plus être, face à l'Allemagne, que la cocotte d'une Europe conçue en termes de vertiges et d'establishment monétaire... Le sabordage économique et politique de la France une fois accompli, sa puissance nucléaire, son appétit d'universalité confiés aux cabinets d'horreurs par les soins d'un Servan-Schreiber, le pays de D'Estiennes d'Orves et de Danielle Casanova réduit à ne plus être qu'une vague Californie au sein d'une Europe enfin de vocation germanique, il resterait aux commis du pouvoir, à Paris, à tous les trafiquants d'espoir, la politique au jour le jour des petits retraités des comédies historiques, la politique du chien crevé au fil de l'eau..." (cité par Jean-Luc Barré dans son intéressante biographie, Dominique de Roux, le provocateur, Fayard, 2005, p. 386)

De Roux ne manquait pas de défauts, mais sur l'Europe comme sur Mai 68 (j'y reviendrai), il n'a pas fallu qu'on lui explique longtemps pour qu'il comprenne vite. (Si donc un lecteur dispose d'un exemplaire de ce livre, qu'il n'hésite pas à me le faire savoir !!!)

D'ailleurs, l'Europe s'est faite avant qu'on parle d'elle - un exemple goûteux, remontant à 1786, ici -, et on parle d'elle pour ne plus la faire.



P.S. : vu hier L'avocat de la terreur, sur Jacques Vergès. Ne manque pas de défauts non plus (ni d'approximations, ni d'erreurs...), mais vaut le détour. On rapproche trop de choses sous le seul vocable de "terrorisme", ce que ce film fait plus ou moins volontairement comprendre. Heil !

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