Cachez ces seins que nous ne savons montrer.
J'avais prévu - depuis des mois ! - un long texte sur les Jeux Olympiques, il n'est pas prêt, il est même loin d'être prêt. Quelques images pouvant valoir mieux qu'un long discours, et foin pour aujourd'hui des tripotages de nuances, je synthétise mon point de vue avec la simple juxtaposition de ces corps de femmes, que tout sépare. Inutile de préciser lequel est réel.
Un petit commentaire, quand même, ou plutôt une piste de réflexion : j'ai cherché une photographie de Laure Manaudou du fait de sa célébrité et du sport qu'elle pratique, mais bien sûr on repense rapidement à sa fameuse vidéo intime, dont l'existence accuse encore le contraste avec la fraîcheur du nu peint par Renoir. Depuis que la pornographie existe le rapport à la nudité féminine ne peut être le même. Mais des gravures cochonnes ne pouvaient vraiment rivaliser avec l'érotisme des grands peintres, et à la fin du XIXe siècle, malgré tout ce qui pouvait circuler comme photographies « sous le manteau », les impressionnistes étaient encore capables d'imposer un regard neuf et érotique. Le cinéma « officiel » a pendant quelques décennies pu faire semblant d'ignorer les films pornographiques qui ne cessaient d'être tournés partout où il y avait des caméras (les « sex tapes » comme celles de L. Manaudou ne datent pas d'aujourd'hui, c'est juste plus facile d'en tourner), il a fini, graduellement, par se laisser tenter - peut-être pas au point d'en périr, mais à ses dépens, très certainement. Les grands cinéastes depuis rament pour retrouver un certain érotisme dans le nu. En faisant l'impasse sur Godard, ses rapports complexes et variables à la question (Numéro deux, Je vous salue Marie...), on peut prendre deux exemples :
- Pialat, qui peut encore, dans les années 80, réussir exceptionnellement un beau nu
mais qui va devoir ensuite repasser par la peinture et essayer de retrouver, le temps d'un plan (que je n'ai pu dénicher) de Géraldine Pailhas dans Van Gogh, l'esprit des baigneuses de Renoir - plan dont je ne saurais dire aujourd'hui s'il est réussi ou raté. L'important est ce besoin de repasser par une époque d'« avant le cinéma » ;
- Kubrick, qui dans Eyes wide shut doit faire des détours tarabiscotés par l'humour
ou le cérémonial kitsch
pour finalement devoir conclure, comme son héros, que les rêves de la femme, Nicole Kidman, auront été les seuls moments vraiment érotiques - non visibles à l'image - du film. Tout ça pour ça...
Recherche d'une (certaine) pureté du regard que nous ne pouvons plus avoir chez Pialat, nus qui cachent l'érotisme chez Kubrick... Ce n'est pas d'aujourd'hui que je pense qu'il faudrait une censure totale sur les corps féminins pendant dix ans, que le seul moyen d'en voir soit de coucher avec des femmes, avec tous les efforts que cela demande, et tous les risques que cela implique (et tous les plaisirs que cela procure, of course). Voilà qui ferait du bien à la morale publique !
Quant aux Jeux Olympiques... j'essaie de finir mon texte un de ces jours.
Un petit commentaire, quand même, ou plutôt une piste de réflexion : j'ai cherché une photographie de Laure Manaudou du fait de sa célébrité et du sport qu'elle pratique, mais bien sûr on repense rapidement à sa fameuse vidéo intime, dont l'existence accuse encore le contraste avec la fraîcheur du nu peint par Renoir. Depuis que la pornographie existe le rapport à la nudité féminine ne peut être le même. Mais des gravures cochonnes ne pouvaient vraiment rivaliser avec l'érotisme des grands peintres, et à la fin du XIXe siècle, malgré tout ce qui pouvait circuler comme photographies « sous le manteau », les impressionnistes étaient encore capables d'imposer un regard neuf et érotique. Le cinéma « officiel » a pendant quelques décennies pu faire semblant d'ignorer les films pornographiques qui ne cessaient d'être tournés partout où il y avait des caméras (les « sex tapes » comme celles de L. Manaudou ne datent pas d'aujourd'hui, c'est juste plus facile d'en tourner), il a fini, graduellement, par se laisser tenter - peut-être pas au point d'en périr, mais à ses dépens, très certainement. Les grands cinéastes depuis rament pour retrouver un certain érotisme dans le nu. En faisant l'impasse sur Godard, ses rapports complexes et variables à la question (Numéro deux, Je vous salue Marie...), on peut prendre deux exemples :
- Pialat, qui peut encore, dans les années 80, réussir exceptionnellement un beau nu
mais qui va devoir ensuite repasser par la peinture et essayer de retrouver, le temps d'un plan (que je n'ai pu dénicher) de Géraldine Pailhas dans Van Gogh, l'esprit des baigneuses de Renoir - plan dont je ne saurais dire aujourd'hui s'il est réussi ou raté. L'important est ce besoin de repasser par une époque d'« avant le cinéma » ;
- Kubrick, qui dans Eyes wide shut doit faire des détours tarabiscotés par l'humour
ou le cérémonial kitsch
pour finalement devoir conclure, comme son héros, que les rêves de la femme, Nicole Kidman, auront été les seuls moments vraiment érotiques - non visibles à l'image - du film. Tout ça pour ça...
Recherche d'une (certaine) pureté du regard que nous ne pouvons plus avoir chez Pialat, nus qui cachent l'érotisme chez Kubrick... Ce n'est pas d'aujourd'hui que je pense qu'il faudrait une censure totale sur les corps féminins pendant dix ans, que le seul moyen d'en voir soit de coucher avec des femmes, avec tous les efforts que cela demande, et tous les risques que cela implique (et tous les plaisirs que cela procure, of course). Voilà qui ferait du bien à la morale publique !
Quant aux Jeux Olympiques... j'essaie de finir mon texte un de ces jours.
Libellés : A. Renoir, Godard, Kubrick, Manaudou, Pialat, Sport
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