"Un loisir de masse qui se nourrit des objets culturels du monde...."
"La culture n’est pas la réduction à un idiome qui se voudrait universel, et qui n’est qu’une abstraction technique. Elle n’est pas la diffusion de masse d’un message biblique qui aurait été réécrit, condensé, digéré, réduit à l’état de bouillie pour être compris. C’est pourtant ce que l’industrie des loisirs, telle que l’Amérique allait en imposer l’usage, ce « facile à consommer » de la pseudo-culture des mass media de l’après-guerre, allait dicter comme loi à la création en Europe.
Ce qui vaut pour la langue vaut pour l’art. La nature de l’oeuvre d’art, analyserait Hannah Arendt, est atteinte quand ses objets eux-mêmes sont modifiés : « Cela ne veut pas dire que la culture se répande dans les masses, mais que la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir. Le résultat n’est pas une désintégration, mais une pourriture (…, coupure de Jean Clair) Le résultat, insiste-t-elle, est non pas bien sûr une culture de masse qui, à proprement parler, n’existe pas, mais un loisir de masse qui se nourrit des objets culturels du monde. Croire qu’une telle société deviendra plus “cultivée” avec le temps et le travail de l’éducation est, je crois, une erreur fatale. »"
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