dimanche 4 février 2018

Complément au précédent... Jean Clair sur les traces de Chesterton et de Benoit XVI.



"En Inde, la coutume veut qu’une veuve n’assiste jamais aux célébrations de la naissance d’un enfant, de peur quelle n’apporte le « mauvais oeil ». Elle me paraît plus choquante encore que la pratique, toujours en usage, qui fait que la veuve se jette volontairement sur le bûcher funéraire de son mari défunt. 

Combien la religion chrétienne semble alors une religion d’amour, quoiqu’en pensent les dangereux idiots qui tiennent boutique d’« athéologie » et font profession de haine antichrétienne. Je ne connais en fait aucune autre religion que la religion catholique qui ait porté à ce point de tendresse la vision de la femme, de l’enfant, et la vie. 

Les images de la maternité, les madones à l’enfant, les veuves au pied de la croix et, plus énigmatique et bouleversante encore, l’image de la Pietà, cet enfant mort de trente-trois ans, allongé, saisi par la rigueur cadavérique, sur le giron de sa mère, sont sans exemple ailleurs. 






L’Église, quand elle s’oppose à l’avortement, à la libre disposition de l’embryon, ou carrément refuse un supposé « droit à la mort », ne fait que rappeler un amour de la vie dont aucun des aspects n’est « négociable » et qui, au demeurant, mais on veut l’oublier, a forgé notre culture. L’eugénisme et l’euthanasie, qu’on pousse aujourd’hui sous couvert de progressisme et d’hygiène sociale, relèvent en fait d’une vision orientale qui nous est étrangère. Ou du moins qui l’était. Elle semble aujourd’hui gagner, à mesure que le bouddhisme et autres disciplines de « détachement » se sont infiltrés dans nos moeurs.

Il faudrait à cet égard mieux étudier comment l’idéologie du national-socialisme, avec sa croyance au karma et son culte du soleil noir, sa mythologie des « Aryens » et des « artamanes », s’est formée sous une influence indianiste venue de Helena Blavatsky et autres charlatans fin de siècle, mais aussi, chez les plus cultivés de ses tenants, de Schopenhauer et de Nietzsche. On y cultive le mépris de la vie, en tant qu’elle est genèse, accomplissement et histoire, autant qu’on y exalte la race.

Le premier but du nazisme était à cet égard aussi bien la destruction des églises chrétiennes que la destruction de la Synagogue."

Ce qu’il faut toujours rappeler… Maurras n’était pas collabo et ne peut être confondu avec Rebatet ou Laval (quoi que l’on pense d’eux) ; de même, l’église chrétienne était dans le collimateur idéologique des nazis, et ce n’est pas parce qu’ils se sont d’abord attaqués aux Juifs que cela est faux. Dit autrement et pour que l’on voie mieux le rapport avec la place de Maurras dans notre histoire et dans certains négationnismes actuels, gauchisants ou non : ce n’est pas parce que les chrétiens allemands ont plus survécu au nazisme, dans l’honneur ou non selon les cas, que l’Église serait du côté du nazisme, de l’antisémitisme, du capitalisme, etc. Puisqu’il faut enfoncer le clou de ces évidences, allons-y…


Par ailleurs, le passage de Jean Clair sur Nietzsche et Schopenhauer est d’évidence trop rapide. En même temps, comme Nietzsche a écrit un peu tout et son contraire - il n’est pas devenu fou par hasard -, on est toujours trop rapide à son égard… (Je sais très bien que Nietzsche a écrit des choses passionnantes, j'en ai lu - mais depuis certaines pages ragaillardissantes de Chesterton à son égard, je n'arrive plus - moi qui ne suis par ailleurs rien, je le sais bien - à le considérer sans sourire. Fin de la parenthèse.)