Jacques Chirac désespérément de gauche.
"On a pu dire que « le musée du quai Branly est le fils adultérin du musée de l’Homme et du musée des Arts africains comme il en est aussi le parricide » [Martine Segalen]. Le démantèlement de deux institutions prestigieuses, un parti pris architectural où le kitsch, trop souvent, le dispute au ridicule et au galimatias, l’absence d’une équipe scientifique permanente, etc., mais d’abord, l’obligation, qui est le fait du prince, d’une approche esthétisante de l’oeuvre, alors même que les termes de « beau » et d’« art » n’existent pas dans la plupart des des langues des cultures exposées, font craindre que la volonté de spectacularisation ne l’ait emporté sur la nécessité de la recherche."
Goûtons la litote finale, mais c’est bien sûr l’incise précédente qui fait le sel de cette phrase : il ne s’agit certes pas, et ce n’est pas le propos de notre camarade de route Jean Clair, de nier la beauté des objets que l’on peut trouver aux Musée des Arts premiers ; il n’en est pas moins révélateur que les concepts et les termes de « beau » et d’« art » puissent être absents de l’esprit de ceux qui les ont fabriqués. C’est une critique à l'égard de leur culture, mais pas seulement : cela signifie aussi que nous projetons sur eux une passion d’hypertrophie de l’art qui fait partie de nos pathologies propres.
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