lundi 25 juin 2018

"J’attends les Cosaques et le Saint-Esprit."

Cette phrase de Léon Bloy à la fin de Au seuil de l’Apocalypse est citée par Morand dans son livre L’Europe russe annoncée par Dostoïevski. Livre curieux, dense et quelque peu confus, d’un auteur qui a lu Maistre, Jünger, Abellio (dès 1948), Berdiaev, références que je ne m’attendais guère à trouver sous sa plume. Livre passionnant aussi, mais qui nécessitera des citations un peu longues, ce que cherche, parfois trouve, parfois croit trouver Morand dans le Journal d’un écrivain de Dostoïevski n’étant pas toujours aussi clair qu’il semble le penser. 

Ce préambule à d’éventuelles futures citations et analyses étant fait, voici la citation du jour, la phrase de L. Bloy n’étant là d’une certaine façon que pour planter le décor : 

"Les Cosaques ne sont que la « personnification de la catastrophe, conditionnant le passage à l’harmonie » [Brzozowski]. Dostoïevski ne s’arrête pas plus devant leur menace que le Christ ne s’arrête devant celles du Grand Inquisiteur. Car Jésus se fera entendre : Notre Seigneur n’a pas peur du bûcher du Dominicain ; au contraire, c’est le Grand Inquisiteur qui sera brûlé par le baiser d’amour, seule réponse du fils de Marie. Ainsi le Dieu-homme l’emportera sur l’homme-Dieu. 

Nous voilà pris dans le dilemme dostoïevskien pur : « Ou croire à la Résurrection, ou se suicider ». Peu importe la profondeur de l’abîme où est tombée l’humanité : « Pour juger de la force morale d’un peuple et de ce dont il est capable dans l’avenir, il ne faut pas considérer le degré d’abjection où il peut avoir chu momentanément ; il faut considérer le seulement le degré de spiritualité où il pourra atteindre, le moment venu. »"


Alleluia, nous ne sommes peut-être pas encore morts…