vendredi 15 juin 2018

Des guerres sans fin.

En critiquant le XIXe siècle, Léon Daudet en envoie de belles aux XXe et XXIe : 

"Ce qui marque de sottise fondamentale le siècle piteux et funeste, dont nous nous occupons ici, ce n’est pas l’ignorance et l’aveuglement de la masse (à peu près identiques à tous les âges, à quelques différences près), c’est l’ignorance et l’aveuglement de ses organes de direction, de ses conducteurs et de ses chefs, c’est aussi leur débilité dans la décision. L’esprit d’ordre et d’autorité doute de lui-même, ou n’ose pas se déterminer. Les docteurs et théoriciens hésitent, trouvent leur hésitation élégante et font d’elle une règle de vie. Or le doute, lui aussi, est stérile, et sur tous les plans de l’activité humaine. La première victime de l’insanité politique, législative, morale, c’est toujours l’enfant, soit à naître, soit naissant, soit grandissant. Le XIXe siècle commence par se demander s’il faut le procréer, cet enfant, le laisser venir à la lumière du jour. Puis, une fois qu’il est là, s’il faut lui inculquer une foi, la foi de ses ancêtres, s’il n’est pas préférable de lui en inculquer une autre, venue d’Allemagne [le kantisme, note de AMG], cela au nom de l’État. Cet État le sèvre de ses parents, de la conjonction indispensable de ses parents, pour peu que ceux-ci le désirent [allusion à la libéralisation du divorce, id.]. Il le fait grandir dans l’incertitude et dans la confusion familiales. Finalement, au moment où d’enfant, ce jeune Français devient homme, l’État, impérial ou républicain, plébiscitaire, lui remet une feuille de route et l’envoie aux frontières mourir pour la Patrie, sans doute, mais en l’honneur de principes faux, eux-mêmes générateurs de guerres sans fin."


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