Le meuble de triomphe.
Continuons. Deux citations issues du livre des frères Goncourt, La Femme au XVIIIe siècle :
"Façons, physionomie, son de voix, regard des yeux, élégance de l’air, affectations, négligences, recherches, sa beauté, sa tournure : la femme doit tout acquérir et tout recevoir du monde. Elle doit lui demander ses expressions mêmes, ses mots, la langue nouvelle qui donne un éclat, une vivacité à la moindre des pensées d’une femme. Accoutumée à vouloir embellir, à tout peindre, à tout colorier, à prêter au moindre geste une impression d’agrément, le siècle veut que les choses, sous la parole de la femme, se spiritualisent, se divinisent : “étonnant, miraculeux, divin”, ce sont les épithètes courantes de la causerie."
"Elle s’abandonne alors aux bras de ses femmes qui la transportent sur une admirable délassante, et la voilà devant sa toilette. Dans l’appartement de la femme, c’est le meuble de triomphe que cette table surmontée d’une glace, parée de dentelles comme un autel, enveloppée de mousseline comme un berceau, tout encombrée de philtres et de parures, fards, pâtes, mouches, odeurs, vermillon, rouge minéral, rouge végétal, blanc chimique, bleu de féerie, vinaigre de Maille contre les rides, et les rubans, et les tresses et les aigrettes, petit monde enchanté des coquettes du siècle, d’où s’envole un air d’ambre dans un nuage de poudre."
A bientôt !
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