"Là où existe la pudeur, la beauté est inutile..."
Je me suis procuré, en rapport avec mes lectures récentes, un livre qui se trouve commencer par un florilège de citations sur le rapport des femmes au maquillage, à la nudité, aux vêtements, au luxe, à l’argent. Pour quelqu’un toujours à la recherche de citations pour les habitués de son comptoir, l’aubaine ! Je ne vais pas reproduire toutes les phrases choisies par l’auteur, je m’efforcerai simplement, parce que cela m’a tout de suite séduit en découvrant les premières pages de ce livre, de conserver la variété, et parfois l’ambiguïté, des points de vue moraux ici exposés.
Ceci étant dit, la première citation ne brille pas par son ambiguïté :
"L’habillement des femmes consistes en deux choses principales, les ornements et les recherches. J’appelle ornements ce qu’elles nomment d’ordinaire le monde féminin et recherches, ce qui mériterait mieux le nom d’immonde. D’un côté l’or, l’argent, les pierreries, les étoffes précieuses ; de l’autre, les soins immodérés prodigués à la chevelure, à la peau, et à toutes les parties du corps qui attirent les regards. Ici, crime de vanité ; là, crime de prostitution. (…)
Au premier rang des pompes du siècle figurent toujours nécessairement l’or et l’argent. Mais après tout, que sont-ils ? une terre un peu plus brillante, parce que, péniblement arrachée aux mines par des mains esclaves, condamnées à ce châtiment, elle a été trempée de sueurs et de larmes, puis a laissé dans les flammes son nom de terre, aujourd’hui battue, torturée, livrée à l’ignominie, demain joyeux ornement, délices, honneur convoité. (…)
Toutes les choses qui ne proviennent pas de l’auteur de la nature, ne sont pas bonnes de leur nature. Par là on reconnaît qu’elles appartiennent au démon, corrupteur de tout ce qui existe. (…)
Nous sommes tous des temples de Dieu. (…) Là où existe la pudeur, la beauté est inutile, puisque son caractère distinctif, sa conséquence ordinaire, c’est de fomenter la luxure (…). Vous devez bannir tout ajustement étudié, tout artifice qui peut allumer les sens. Il y a mieux : il faut étouffer sous un extérieur négligé l’éclat de cette beauté naturelle, afin qu’elle ne fascine plus les regards."
Tertullien, De l’ornement des femmes. Les coupures ne sont pas de moi. Je m’étais promis de ne pas faire de commentaire, mais je ne peux pas m’empêcher une remarque : le deuxième paragraphe fait penser au Bloy du Sang du Pauvre. A demain !
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