dimanche 9 décembre 2018

Démocratie française.




"Echcusez-moi, je suis ému…"

A ma propre surprise, ce matin, en réfléchissant un peu à ce qui s’était passé hier, j’ai repensé à Valéry Giscard d’Estaing. VGE ! Celui dont la défaite, le 10 Mai 1981, fit pleurer ma mère de joie - j’avais 9 ans, cela marque. La personnification de la droite, l’horreur aux yeux de ma génitrice. (Mon père était moins dogmatique de ce point de vue). Avec le recul et mon regard actuel, Giscard, c’était bien la droite dans ce qu’elle avait de pire, la droite orléaniste, celle qui a tout fait pour gêner de Gaulle, la droite de la bourgeoisie et du portefeuille. Celle qui, issue de l’ENA, ne raisonne qu’en chiffres, ce qui faisait dire à "Foutriquet", à la grande fureur de Boutang dans son pamphlet, 




que la France, étant moins peuplée que les États-Unis ou l’URSS, devait fatalement se faire petite vis-à-vis de ces grandes puissances - comme si tout était question de nombre… D’ailleurs, c’est aussi l’homme du fatal doublet avortement - regroupement familial, le rasoir émasculateur à deux lames, doublet dans la lignée duquel se situe l’avorton actuel, un autre énarque, et il y en a dans cette sale histoire…, l’homme qui se trémousse devant les racailles noires et critique les Gaulois réfractaires, celui qui mise sur les « nouveaux arrivants », comme on écrit dans Le Monde, dans le but d’avoir assez de votes pour battre de nouveau un supposé épouvantail fasciste aux prochaines élections…

Bref, oublions Macron, revenons à Giscard, qui, donc, a vraiment tout pour déplaire. Pourquoi ai-je pensé à lui ? En voyant les blindés sur les Champs-Élysées, hier, ces véhicules que nous découvrions, disons avec circonspection, ces véhicules qui arboraient un drapeau de l’Union européenne (qui n’est ni unie ni européenne, plagions un mot célèbre sur les pays communistes, ça s’impose de plus en plus…), mais pas de drapeau français, en observant ces premières armées visibles d’une UE qui s’oppose de la façon la plus concrète - et pour l’heure non sanglante - au peuple français, je me suis souvenu d’une séquence étonnante, quand, en 1994, appelé à commenter la présence de soldats allemands à un défilé du 14 juillet, l’ancien Président, fort critique de cette initiative, s’était, à la surprise générale, mis à pleurer en évoquant ses souvenirs d’enfants du pas des soldats allemands durant l’Occupation. 



Et Giscard, je parle aux plus jeunes, n’avait rien d’un germanophobe : il était tout content de saouler les Français avec son "ami Helmout", H. Schmidt, le chancelier de l’époque, un bel orléaniste lui aussi me semble-t-il, avec qui il allait construire une Europe pacifique, rationnelle, libérale et prospère, etc. 

Dans le contexte actuel, alors que l’on parle de partager avec l’Allemagne notre siège au Conseil de Sécurité, alors que l’on sent de plus en plus que la guerre civile européenne, pour reprendre l’expression d’E. Nolte, continue, mais sous une forme économique, et qu’une fois de plus les Allemands nous étranglent, il était difficile, puisque l’on ne peut quand même pas encore mettre un drapeau allemand sur des blindés de la gendarmerie dite française, de faire plus symbolique que ce drapeau de l’UE, à cet endroit-là, à ce moment-là. Et je me suis demandé ce que le vieux Giscard, devant sa télévision, pouvait penser d’un tel spectacle, qui d’une certaine façon résume cinquante d’histoire française, ou d’histoire de volonté de disparition de la France. 


Ce n’est même pas que je lui demande de se sentir coupable, d’ailleurs ; et, sur la problématique européenne, il y a plus à reprocher à son successeur, un homme de droite, lui aussi… Mais, d’une façon plus générale, on aimerait que la génération qui dans les années 70 a pris des décisions dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences, génération qui va bientôt rejoindre le Créateur - et parmi ces décideurs, il y a des proches de l’auteur de ces lignes, je n’écris donc pas cela de gaieté de coeur -, se pose quelques questions. Giscard lui-même a fait son mea culpa au sujet du regroupement familial : ça ne change certes pas grand chose, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire…