mercredi 17 juillet 2019

Le curé de campagne nous remonte le moral à grands coups de trique.

"J’ai beau relire ces pages auxquelles mon jugement ne trouve rien à reprendre, elles me paraissent vaines. C’est qu’aucun raisonnement au monde ne saurait provoquer la véritable tristesse — celle de l’âme — ou la vaincre, lorsqu’elle est entrée en nous, Dieu sait par quelle brèche de l’être… Que dire ? Elle n’est pas entrée, elle était en nous. Je crois de plus en plus que ce que nous appelons tristesse, angoisse, désespoir, comme pour nous persuader qu’il s’agit de certains mouvements de l’âme, est cette âme même, que, depuis la chute, la condition de l’homme est telle qu’il ne saurait plus rien percevoir en lui et hors de lui que sous la forme de l’angoisse. Le plus indifférent au surnaturel garde jusque dans le plaisir la conscience obscure de l’effrayant miracle qu’est l’épanouissement d’une seule joie chez un être capable de concevoir son propre anéantissement et forcé de justifier à grand’peine par ses raisonnements toujours précaires, la furieuse révolte de sa chair contre cette hypothèse absurde, hideuse. 

N’était la vigilante pitié de Dieu, il me semble qu’à la première conscience qu’il aurait de lui-même, l’homme retomberait en poussière."


J’ai séparé la dernière phrase du reste du paragraphe ; pour un un surcroît de théâtralité, pour faire ressortir son poids logique dans le raisonnement du curé bernanosien… et pour marquer une légère distance, peut-être momentanée. - Après tout, la nuit ou au petit matin, en ce moment, étant momentanément sans ma famille, j’ai tendance à ne m’adresser qu’à trois interlocuteurs : Dieu, ma femme, mon chat. La Sainte Trinité ?